Prendre soin de son jardin : 

  Les préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP) 

Rachel Outhier - Le Journal de l'insoumission n°1773 (Avril 2023)

La période du printemps au jardin est la période la plus exaltante, la flore et la faune se mettent en éveil ! Comme il est plaisant d’entendre le bourdonnement d’une abeille passant de fleur en fleur, ou d’observer chaque jour l’évolution de la pousse de son plant de tomates. Une fine pluie nocturne suivie d’une magnifique journée de soleil ravit toujours le jardinier. Mais ce qui est redouté est l’apparition des maladies comme le mildiou sur les tomates notamment et l’oïdium sur les cucurbitacées.
Et si par-dessus un ravageur tel que la limace vient se mettre sur les jeunes plants, la récolte semble compromise.

Prendre soin de son jardin par des alternatives
Depuis le 1er janvier 2019, les particuliers ne peuvent plus utiliser de pesticides de synthèse. Pour traiter les plantes, seuls les pesticides classés en EAJ (emploi autorisé dans les jardins) peuvent être achetés par les jardiniers amateurs. Cette décision est une avancée en matière d’écologie, l’utilisation de pesticides de synthèse pouvait par leur mésusage provoquer des pollutions importantes. Dorénavant, chaque jardinier peut prendre soin de son potager par l’utilisation de produits alternatifs comme la bouillie bordelaise, des substances de base (comme le vinaigre, la prêle, l’ortie, le bicarbonate, la bière…) et les produits de biocontrôle (micro-organismes, médiateurs chimiques tels que les phéromones, substances naturelles d’origine végétale, animale ou minérale, le soufre, ...).
La législation autorise également l’utilisation des PNPP, que sont les tisanes, macérations, décoctions et huiles essentielles à base de plantes.

Soigner les plantes par les plantes
Purin d’ortie et cie est une entreprise située en Bretagne à Quemper-Guézennec. Plutôt spécialiste de la phytothérapie agricole et accompagnant notamment par des formations les agriculteurs, leurs produits peuvent être utilisés par les jardiniers amateurs. Lors de ces formations, plusieurs points sont abordés comme la connaissance des sols, la conductivité, l’importance du pH et du potentiel redox. Prendre soin des plantes par les plantes est affaire de technicité. On n’utilise pas les mêmes préparations pour stimuler une plante que pour la soigner.
Une même plante peut avoir un effet préventif mais également un effet curatif.
Attention à ne pas utiliser d’extraits fermentés (communément appelés purins) en cas d’attaque, car cela nourrirait la maladie. De plus, il y a des périodes dans la journée ou dans la saison pour la bonne application des préparations, certaines sont plutôt à appliquer de préférence le soir et d’autres en période pluvieuse.

Un sol sain pour des plantes saines
Le sol n’est pas qu’un support où l’on fait pousser des plantes, la vie étant plus abondante dans le sol que sur le sol. Il faut donc lui apporter une importance particulière. Si le sol est en mauvais état, jamais une plante ne pourra y pousser sainement, n’aura un bon équilibre pour se prémunir contre les attaques des maladies ou des ravageurs. Et de ce fait aucun traitement ne pourra être efficace.

 Astuces du moment : 

Durant la période de mi-avril à mi-juillet, différents légumes sont à récolter : bettes, carottes, épinards, haricots, laitues, navets, panais, oignons, poireaux, asperges, et les premières tomates entre autres.
Il y a 3 plantes dont on peut faire des PNPP qui sont la pierre angulaire de cette manière de prendre soin de son jardin : la consoude, l’ortie et la prêle. On va surtout se concentrer sur la prêle et plus précisément la décoction de prêle. La décoction de prêle est à utiliser en préventif et en curatif également (efficace contre le mildiou). Riche en silice, oligo-éléments et minéraux, en préventif la décoction de prêle permet de vitrifier les cellules de la plante, de renforcer la cuticule. La préparation peut être appliquée au sol et sur la plante, dès le début du printemps. Voici la recette de la décoction de prêle des champs (les doses sont à adapter selon vos besoins) :

. Peser 250 g de prêle sèche.
. Couper grossièrement les tiges, les immerger 24 heures dans 10 L d’eau de pluie à température ambiante (dans une casserole en inox de préférence).
. Puis, porter à ébullition avec un couvercle (petits bouillons), pendant 30 minutes.
. Laisser refroidir et infuser pendant une nuit.
. Filtrer avec une passoire fine, et conserver la décoction de prêle dans un récipient hermétique en verre (c’est le mieux) ou en plastique (surtout pas de métal). Stocker au frais et à l’abri de la lumière (bas du réfrigérateur).
. La décoction de prêle se conserve quelques jours, après elle fermente (la renifler pour savoir si elle est encore utilisable). Il vaut mieux élaborer cette préparation naturelle au fur à mesure des besoins.
. Pailler les végétaux que l’on veut traiter avec les déchets de prêle, ils renforcent l’action recherchée.