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ÉDITO - NOIR DIMANCHE



vendredi 01 décembre 2023

  NOIR DIMANCHE  

 

 L’image est tragique.  Les conséquences politiques le sont encore plus. Dimanche 12 novembre 2023 est à marquer d’une pierre noire dans l’histoire politique de notre pays. Le jour où l’alliance allant de la macronie à l’extrême droite s’est affichée sans complexe dans les rues de Paris. Le jour où les droites macronistes et LR ont fini de rendre respectable le Rassemblement National. Cet évènement politique majeur marque un franchissement de seuil dans la recomposition politique que les insoumis·es dénoncent depuis des mois. En France, en Europe, le même paysage politique s’installe avec la constitution d’un bloc alliant les droites à l’extrême droite, installant un climat xénophobe de plus en plus présent. Un climat non pas issu de la population mais de la classe politique et médiatique.


Ce n’est pas d’aujourd’hui que les rapprochements ont commencé. De Sarkozy à Ciotti, la droite LR, au gré de ses déconvenues électorales a cru trouver la solution de son salut dans une radicalisation droitière chassant l’électeur sur le terrain de l’extrême droite. Abandonnant au passage la construction de tout projet idéologique, LR navigue à vue depuis plusieurs années. Après la « droite forte » de N. Sarkozy, « la droite décomplexée » de J-F. Copé, « Pour que la France reste la France » de L. Wauquiez, c’est avec le slogan « Autorité, liberté, identité » qu’Eric Ciotti ravit la présidence LR en 2022. Une élection qui parachève un basculement dans le rapport de force interne au profit de celleux qui pensent sauver LR en braconnant à l’extrême droite. Les résultats de cette stratégie ont été ceux que l’on connaît, la droite LR n’en finit pas de s’effondrer, littéralement siphonnée par le RN. Et pourtant, ils continuent de creuser, en témoignent les débats au Sénat sur le vote de la loi immigration, avec l’adoption d’amendements tout droit sortis du programme du RN : suppression de l’AME (aide médicale de l’État), remise en cause du droit du sol, conditionnement des aides sociales, attaque sur le regroupement familial, renforcement de l’arbitraire préfectoral dans l’attribution des titres de séjour…


De son côté, la macronie au pouvoir depuis 2017, élue par deux fois au nom du barrage républicain, est en vérité un viaduc pour l’accession au pouvoir de l’extrême droite. Depuis juin 2022, les rapprochements sont criants avec une complaisance croissante des macronistes vis-à-vis de l’extrême droite (élection de deux vices-présidences RN à l’Assemblée nationale grâce à leurs voix, des votes en commun contre des mesures de justice sociale à l’Assemblée…) et un ministre de l’Intérieur extrême droitisé. En point d’orgue, cette initiative conjointe de marche de Yaël Braun-Pivet et de Gérard Larcher, à laquelle le RN est conviée. Une marche contre l’antisémitisme avec des antisémites. Réaffirmons-le de toutes nos forces, il ne peut y avoir d’union nationale avec un parti fondé par des nazis, dont les statuts ont été déposés en 1972 par J-M. Le Pen et Bousquet, ancien Waffen-SS.


Dès lors cette marche était vouée à l’échec, sauf pour le RN ou Reconquête. Une marche de la haine en vérité, durant laquelle les violences verbales et physiques de l’extrême droite ont pu s’exprimer librement, à Paris mais aussi dans toute la France lorsque cette initiative était reprise. Une violence allant jusqu’à des menaces de mort envers Jean-Luc Mélenchon et tous les insoumis.es ou envers E. Macron. Une initiative à laquelle la gauche d’avant a participé, sous les huées des présent.es, cédant ainsi au diktat ambiant.


À force d’être invités à la table, les chiens sautent dessus et renversent tout sur leur passage. Partout où les droites et la gauche d’avant ont mené des politiques de casse sociale, la misère se répand, nourrissant un ressentiment dangereux envers les dirigeants politiques. Un processus dégagiste qui peut profiter comme en Argentine dernièrement à des candidat.es d’extrême droite. Javier Milei est arrivé au pouvoir à la faveur d’une situation sociale désastreuse (inflation à 140%, 40% de pauvres…), sur un agenda ultra-libéral sur le plan économique et ultra-réactionnaire sur le plan des libertés publiques et sur les questions sociétales. Un fou furieux qui a fait campagne une tronçonneuse à la main pour imager sa volonté de détruire l’État et ses services publics… Un candidat soutenu par la droite argentine au second tour. On pensait avoir connu le pire avec Trump ou Bolsonaro, la bête immonde est féconde. Détruisons-la avant qu’elle ne nous détruise.

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