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ÉDITO - 100 jours



samedi 01 juillet 2023

 

  100 jours 


Séverine Véziès - Le Journal de l'insoumission n° 1776 ( Juillet 2023)

 

Le 17 avril dernier, Emmanuel Macron annonce « cent jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France ». La colère populaire est alors à son paroxysme depuis le 49.3, la motion de censure non adoptée à un cheveu et une loi promulguée en catimini en pleine nuit.


Nous sommes à l’échéance de ces 100 jours. Faisons le bilan.


  Apaisement    Étymologiquement, faire la paix. Force est de constater que le Président, atteint de monarchisme aigu, est toujours en guerre contre son peuple.


Avril - De nouvelles formes d’actions auto-organisées se multiplient. Le pouvoir macronien y répond par la brutalité, des interdictions et le fichage de personnes gardées à vue.


Manifestation du 1er mai - Répression, arrestations arbitraires, intimidations. La jeunesse est particulièrement visée. En pleine construction de sa citoyenneté, elle gardera de cette expérience la mémoire de la peur à la vue des « ».
Célébration du 8 mai - Un jour crépusculaire et solitaire pour Jupiter. Les images sont saisissantes, Macron défile seul sur les Champs-Élysées. Le peuple est lui écarté, interdit de grande avenue.


17 mai - Un délégué syndical de Vertbaudet est embarqué devant chez lui par des policiers en civil. Il sera gazé, frappé, humilié, se fera cracher dessus puis jeter du véhicule.


26 mai - Assemblée générale de Total. Des militant.es écologistes sont mobilisé.es pour alerter sur la responsabilité de telles firmes dans le réchauffement climatique. Alors qu’iels sont assis·es sur un pont, iels seront gazé·es à bout portant. Et les actionnaires de Total insulteront Manon Aubry, eurodéputée insoumise présente sur place.


29 mai - Justine Triet, réalisatrice lauréate de la palme d’or à Cannes, est attaquée de toute part par la macronie sur les réseaux sociaux à la suite de son discours dénonçant la violence sociale et institutionnelle du gouvernement. Cet épisode n’est pas isolé. Qui n’est pas d’accord avec la macronie se voit remis en cause : le COR, la LDH, la Défenseure des droits…


8 juin - La proposition de loi du groupe LIOT visant à abroger le départ à la retraite à 64 ans ne fera finalement pas l’objet d’un vote. Charlotte Caubel, secrétaire d’État, avait prévenu : « Nous ferons tout pour que ce débat n’ait pas lieu ». Ce fut chose faite et c’est carrément le droit d’amendement des parlementaires qui est piétiné arbitrairement.
  Unité   Bernard Arnault gagne en 38 secondes ce qu’une personne au SMIC gagne en une année. Soit 821 855 années de SMIC pour empocher ce qu’il gagne en un an. Que prévoit Macron contre le séparatisme des plus riches ? Rien.


  Ambition   Quand Bruno Lemaire demande gentiment aux entreprises qui se gavent d’être « raisonnables », Macron, lui, appelle à faire une « pause réglementaire européenne » sur les contraintes environnementales.


  Action   Après le recul de l’âge de départ à la retraite et l’attaque de l’assurance chômage, s’annoncent le travail gratuit des titulaires du RSA, la main d’œuvre bon marché des élèves de lycées professionnels à qui on va réduire les temps d’études... La politique du bouc-émissaire de la macronie s’active contre les pauvres et les immigré·es.
Macron ne sortira pas indemne de cette séquence. La mobilisation historique sera un point d’appui important pour la suite. La lutte contre le capitalisme est universelle. Les ami.es de M. Macron sont par exemple les mêmes qui actuellement, au Mexique, combattent le droit aux congés payés des salarié.es, passé de 6 à 12 jours dès la première année de travail, après un vote au Sénat en novembre dernier. Un nombre en deçà des 18 jours minimum recommandés par l’Organisation Internationale du Travail. 12 jours de repos arrachés au capital et les patrons mexicains demandent son report à 2026…
En ce mois d’anniversaire révolutionnaire, souvenons-nous des mots de Jaurès : « Nous savons par une expérience qui s’appelle la Révolution française qu’il ne faut jamais désespérer et qu’un jour ou l’autre, dans notre pays de France, la grandeur des évènements répond à la grandeur de la pensée . »