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DOSSIER - UN PLAN POUR L'EAU ?



lundi 01 mai 2023

DOSSIER: UN PLAN POUR L'EAU

 

Le 30 mars dernier le président de la République présentait un « Plan eau » qui parait bien loin des attentes des collectivités, des associations et des usagers face à la sécheresse qui se repand partout.

 Les incohérences des annonces d’E. Macron 

Une tarification « progressive et responsabilisante » en fonction des usages est annoncée !

Le 15 novembre 2022 en commission développement durable et aménagement du territoire, les député·es de la minorité présidentielle ont catégoriquement refusé la proposition de loi visant à garantir le droit à l’eau par la gratuité des mètres cubes vitaux et à mettre en place une tarification progressive et selon les usages de l’eau. Le président de la République s’est-il soudainement converti ? Dans sa déclaration finalement nous ne trouverons rien de précis puisqu’il renvoie aux discussions locales l’examen d’une tarification progressive. Il est fort à parier que les discussions vont durer longtemps au risque de ne jamais aboutir. Les usages professionnels seront toujours avantagés ? Ils bénéficient souvent d’une tarification dégressive, « plus tu consommes moins c’est cher » et les entreprises peuvent aussi déduire leur dépense d’eau avant calcul de l’impôt. Des associations d’usager·es tel que la Coordination Eau Bien Commun France dénoncent ces incitations à la consommation depuis plusieurs années. Comment le chef de l’État entend régler la question des disparités entre la gestion privée toujours plus chère que la gestion publique ? Impasse totale semble-t-il, alors même que la gestion privée continue de faire des profits sur les volumes d’eau prélevés gratuitement à la nature et qui partent en fuites pendant la distribution. Une consolation tout de même, les délégations au privé ont été divisées par deux ces 10 dernières années. Elles sont passées de 12 500 (2010) à 7 000 contrats.1

 

Préserver les nappes et faciliter le retour de l’eau dans les nappes phréatiques ?Retenue artificielle ©Aurélien Antoine

Pourtant la macronie continue de promouvoir les retenues colinéaires et les méga-bassines. C’est en contradiction avec la préservation des nappes d’eau souterraines. En effet, capter ou pomper l’eau des nappes pour alimenter en eau une agriculture productiviste et exportatrice ou alimenter la neige de culture apparaît inadapté pour faciliter la « recharge » des eaux souterraines ou de surface.

Les sols sont ainsi dépourvus en eau et on estime de 20% à 60% le taux d’évaporation des eaux stockées dans de telles bassines selon Christian Amblard spécialiste des systèmes hydrobiologiques, directeur de recherche honoraire au CNRS.

 

Encourager la sobriété dans la consommation d’eau ?Rivière d'Ain à Pont de Poitte, octobre 2018 ©Gabriel Amard

Pourtant, Macron réaffirme la priorité au nucléaire. Hors, le nucléaire est le troisième consommateur d’eau douce (22%) derrière l’irrigation (48%) et l’eau potable (24%). L’eau utilisée puis rejetée par les centrales est plus chaude qu’au moment du prélèvement, et constitue un grave danger pour la biodiversité2 . Macron propose alors d’investir dans la mise en place de « circuits fermés », où l’eau ne serait pas rejetée dans les rivières. Hors une telle technologie augmente la part de l’eau qui se perd en évaporation et contribue à augmenter la consommation d’énergie pour refroidir cette eau au sein de la centrale. Il s’agit d’une climatisation artificielle de l’eau ultra-consommatrice en énergie qui va toujours dans le sens d’aggraver le réchauffement climatique.

 

La responsabilisation individuelle pour que chacun·e soit « une partie de la solution »

Macron propose essentiellement de réaliser des économies d’eau via des petits gestes individuels. Comme souvent, il s’agit de faire porter la responsabilité à l’échelle individuelle et d’être dans une logique de culpabilisation. C’est l’enjeu de son « ecowatt » de l’eau pour que « chacun soit une partie de la solution ».

Le président n’a ni l’ambition de faire bifurquer notre modèle agricole, ni celle de réduire progressivement la part du nucléaire dans le mix énergétique, ni celle de réguler l’activité des grandes entreprises qui exportent l’eau en bouteilles en plastique. Par exemple 70% des prélèvements dans l’aquifère de Volvic part à l’exportation3. Au contraire, il encourage la poursuite de ces modèles mortifères et destructeurs de l’environnement. Il ne peut donc que rappeler aux gens de fermer le robinet quand ils se lavent les dents.


1 Source FP2E étude BIPE 2019

2 Sophie Vanel «  La vie aquatique pourrait être impactée par le rejet des eaux plus chaudes des centrales nucléaires » Sciences et Avenir,22 juillet 2022 ?

3 Thomas Fauveau « Volvic : l’Auvergne en bouteille aux quatres coins du monde » Le Journal de l‘Éco, 26 juin 2014

 

 

***

 

  Les engagements du Groupe LFI 
 à l'Assemblée nationale 

 

Depuis plusieurs années les insoumis souhaitent que l'eau soit un sujet central dans toute politique. Les ateliers participatifs sur l'eau, la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, la commission d'enquête présidée par Mathilde Panot, les propositions de lois successives en faveur du droit à l'eau, de la gestion publique de l'eau, pour la qualité de l'eau ou la gratuité des m3 vitaux en témoignent. Loïc Prudhomme, Bastien Lachaud, Jean-Hugues Ratenon ou Gabriel Amard n'ont pas ménagé leur peine en ce sens.

De tous ces travaux et des nombreuses auditions d'ONG
ou d’acteurs de l’eau il résulte une méthode et un plan d'actions.

La méthode de travail de la LFI repose sur trois axes majeurs: la reconstitution du cycle de l’eau, la planification et la gestion publique de l’eau, la consécration d’une règle bleue.

 

Reconstituer le cycle de l’eau :

  • mettre fin à l’exploitation capitaliste du cycle de l’eau et à l’étalement urbain qui dérèglent son fonctionnement dans le seul but de rentabiliser ce bien commun.

Planification et gestion publique de l’eau :

  • une politique de l’eau dotée d’un cadre national fort, création d’un haut-commissariat du droit à l’eau et une fonction publique dédiée, une organisation territoriale adéquate, une solidarité nationale et un financement renouvelé ainsi que des contre-pouvoirs institutionnels et citoyens.
  • La politique de l’eau sera co-élaborée avec les agences de l’eau, les collectivités, les opérateurs publics, les associations citoyennes, les usager·es et les syndicats.
  • Dans chaque bassin de vie seront créés des comités locaux de cogestion publique et citoyenne de l’eau, qui auront vocation à devenir les seuls opérateurs après la sortie en 5 ans des contrats privés de délégations de service public au profit de régies publiques.
  • Les régions, réorganisées selon les bassins versants et sous-bassins de rivières hydrographiques, se verront confier la coordination des politiques publiques de maîtrise du cycle de l’eau et l’objectif de « zéro pollution et zéro épuisement de la ressource en eau »
  • Une politique de l’eau de proximité en renforçant le rôle des communes.
  • Mise en place d’une police de l’eau pour récolter plus d’informations et contrôler.

Consécration d’une règle bleue :

  • le principe de ne pas prendre à la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer dans le but de préserver la qualité de l’eau en tant que bien commun. Imposer la sobriété contre le productivisme.
  • Poursuite d’un objectif « zéro pollution » et un partage des ressources garantissant le non-épuisement de la ressource.