
Vie Insoumise et contres pouvoirs

La convention de l'Union Populaire s'est déroulée à Reims les 16 et 17 Octobre. Elle a rassemblé plus de 1000 partisan-nes de l'Union Populaire et de son programme l'Avenir en commun venus de toute la France, dont les deux tiers étaient tirés au sort. Cette convention avait pour objectif de finaliser les outils pratiques et programmatiques pour construire concrètement l'Union Populaire et faire gagner le programme l’Avenir en commun. Stratégie de l'Union Populaire, objectifs de campagne, mis en place d'outils, calendrier de campagne, bilan de la Macronie... Voici ce qu'il faut retenir de la convention.
Le programme L’avenir en commun, en librairie le 18 Novembre
L'avenir en commun est le programme complété et augmenté, déjà porté par Jean-Luc Mélenchon en 2017. Il a recueilli plus de 7 millions de voix. Pour cette nouvelle échéance, il a été actualisé et enrichi par le travail des parlementaires mais aussi par plus de 5000 contributions individuelles et 10 000 réponses aux questionnaires joints aux 4 Cahiers de l'Avenir en commun (Démocratie et 6ème République, Planification écologique, Progrès social et humain et Pour une France indépendante). Des experts, universitaires, associatifs, syndicalistes et personnalités diverses ont été auditionnés publiquement. Les synthèses de ces contributions sont consultables sur le site internet Mélenchon2022.fr.
Une pochette “objectif 2022” contenant 14 fiches argumentaires du programme et 7 fiches actions a été présentée et distribuée aux participant.es de la convention (celle-ci est disponible sur le site Action Populaire). Un comparateur de programmes avec 19 plateformes étudiées a également été mis en place sur le site internet de la campagne. Il confronte les propositions de l'Avenir en commun avec celles de collectifs citoyens, d'associations, de syndicats et d'autres forces politiques.
Les 20 et 21 Novembre, le week-end suivant la sortie du programme, des points de diffusion seront ainsi organisés dans toute la France.
L'objectif des 500 parrainages
La candidature de Jean-Luc Mélenchon bénéficie déjà du soutien de plus de 250 000 citoyen.nes. C’est près de deux fois le nombre proposé par le rapport issu d’une commission de rénovation et de déontologie de la vie publique, mise en place par décret du 16 juillet 2012 par le Président de la République. Cette commission, présidée par l’ancien Premier ministre Lionel Jospin, préconisait la mise en place d’un parrainage citoyen à hauteur de 150 000 signatures.
Avec le refus de la majorité macroniste d’instaurer ce parrainage citoyen pour l’élection présidentielle de 2022 (suite à une proposition de loi organique déposée par le groupe parlementaire la France insoumise en octobre 2020), les règles de la Vème République, restent les mêmes : c’est donc aux élu.es locaux qu’il revient la lourde responsabilité de parrainer les candidat.es à la présidentielle.
Ce passage obligatoire est loin d'être une formalité pour Jean-Luc Mélenchon. Les partisan-nes de l'Union populaire sont invités à prendre un peu de leur temps et à s'inscrire sur la plateforme melenchon2022.fr pour prendre des rendez-vous avec des maires pour solliciter un engagement à parrainer Jean-Luc Mélenchon le moment venu auprès du Conseil Constitutionnel. Ce n'est pas tâche facile.
C’est là, un grave problème démocratique. En effet, est-il concevable dans une démocratie qu’un candidat ayant recueilli près de 20% des voix en 2017, à la tête de la première force d’opposition du pays et dont le programme est largement plébiscité par les français.es soit exposé au risque de ne pas pouvoir se présenter? La réponse est bien évidement non que l’on soit d’accord ou pas avec le programme.
Dans ce contexte, la recherche des parrainages demande l’implication du plus grand nombre. Les insoumis.es, là encore, sont en ordre de bataille : rencontre avec les élu.es, guide de recherche des parrainages disponible sur le site Mélenchon2022 sont mis à disposition.
Réunir 2,5 millions d'euros avant le 31 décembre
Une campagne électorale a un coût. Aucune banque n'a pour l'instant accepté de prêter de l'argent pour financer la campagne présidentielle de l'Union Populaire. La force du nombre, plus de 250 000 soutiens, voilà ce sur quoi l’Union populaire peut compter. C’est à eux que Jean-Luc Mélenchon s’est adressé :
« Pour financer la campagne de l'Union Populaire, il nous faut réunir la somme de 2,5 millions d'euros avant le 31 décembre prochain. [...] C'est possible si chaque soutien fait un don de 10 euros, notre objectif sera atteint !»
Mobiliser les abstentionnistes : la condition de la victoire
Comme lors des Amfis à Valence en août 2021, l’accent a été mis sur la nécessité de mobiliser les abstentionnistes. Lors de son discours de clôture devant plus de 2000 personnes, Jean-Luc Mélenchon affirme :
« On nous dit dans les sondages que l'abstention à l'élection présidentielle serait de 50% et que les classes populaires s'abstiendraient massivement. C'est le rêve de la caste : que le peuple disparaisse de l'élection. C'est raté : nous sommes là !
[...] Ne vous laissez pas impressionner par les sondages. Dites-vous que nous n’avons qu’une seule chose à faire, qui est notre responsabilité individuelle et collective, aller chercher les nôtres à la maison pour qu’ils viennent voter. Car s’ils votent, on a gagné. »
La veille, lors de la convention Bastien Lachaud précisait :
« Plus les gens iront voter, plus nous avons de chances de l'emporter. Ce sont les nôtres qui s'abstiennent le plus : les jeunes, les milieux populaires. Il faut se projeter vers l'action pour convaincre et mobiliser.»
Des moyens d'actions pour une mobilisation populaire
C'est donc avec l'objectif de mobiliser le plus grand nombre que plusieurs actions de campagne ont été proposées.
Une grande campagne d'inscription sur les listes électorales est prévue. On estime à environ 10 millions le nombre de personnes qui ne sont pas ou mal inscrites sur les listes électorales. Ce chiffre est considérable.
Les caravanes de l'Union populaire vont donc se poursuivre avec au programme inscription sur les listes électorales, information sur les droits sociaux et travail de conviction sur le programme pour vaincre l’abstention.
Une grande campagne de porte-à-porte va également être organisée avec l’objectif d'1 million de portes toquées. Considérée comme l'action militante la plus efficace, elle permet d'aller directement à la rencontre de celles et ceux qui se tiennent les plus éloigné·es de la politique.
Pour organiser la diffusion les propositions et inciter ses voisins à aller voter, des correspondants d'immeubles et de rues peuvent se déclarer sur le site internet Action populaire. Ils recevront chez eux le matériel de la campagne pour le diffuser autour d’eux.
Un réseau social, Action Populaire
Conçue pour organiser les actions via internet (porte à porte, tractages, collages, diffusions du programme etc.), la plateforme Action Populaire a été déclinée sous forme d'application mobile téléchargeable sur les smartphones. Elle met à disposition des documents partagés ainsi que des outils libres et collaboratifs pour organiser les événements. L’enjeu est de disposer de son propre outil de réseau social et donc d’être indépendant des canaux de diffusion gérés par les Gafams.
Les militant·es trouveront dans cette plateforme des fiches pratiques (info.actionpopulaire,fr ) et des outils vidéos pour se former à l'action : organiser un débat de rue, un topo citoyen, un porteur de parole, un arpentage d'un ouvrage, un débat mouvant, une écoute collective, un apéro de rue etc. Ils y trouveront également des outils et conseils pour le militantisme numérique (twitter, facebook, site internet etc) etc. Dans notre société hyper connectée, il y a en effet un enjeu considérable à mener le combat politique et la diffusion des arguments sur la toile.
Des médias indépendants pour mener la bataille culturelle
Durant la convention populaire, l’accent a été mis sur la nécessaire bataille culturelle à mener dans un contexte où 9 milliardaires possèdent 90 % des médias du pays. Ne nous y trompons pas, par ces investissements ce sont des zones d’influence que ces oligarques s’assurent. La prise de contrôle par Vincent Bolloré de Cnews, Europe 1 puis récemment du JDD, plusieurs mois avant l'élection présidentielle n'a rien d’anodin. L'extrême droite en open bar sur les chaînes de certains oligarques, “la zemmourisation des esprits”, est organisée par les propriétaires des médias avec un agenda politique évident.
Dans ce contexte, analyser l'actualité sous un prisme différent, sortir de l'orthodoxie libérale, entendre d'autres analyses, donner la parole à des luttes locales, aux résistances citoyennes, à des personnes engagées dans les luttes sociales ou environnementales, ou plus généralement donner à voir qu'il est possible de faire autrement est un enjeu crucial. C'est l'objectif que se sont donnés les médias de la galaxie insoumise, que ce soit le journal de l'insoumission, la plateforme l'insoumission.fr, l’insoumission hebdo, le Monde en commun, les Jours heureux. Avec l'abonnement commun aux médias insoumis vous garantissez la pérennité de ces médias et la garantie de conserver un magazine insoumis chez votre marchand de journaux.
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Un parlement de l'Union populaire, un meeting en janvier et une marche en mars
À 6 mois de l’élection présidentielle, les insoumis.es sont donc en ordre d’action avec un candidat, un programme, une équipe et une stratégie, l’union populaire.
C’est-à-dire l'union à la base autour d'un projet, l'union au sommet n’étant pas possible du fait de contradictions programmatiques importantes. Cela ne signifie pas la disparition de la France Insoumise. Elle est au service de l'Union Populaire, qui peut dès lors rassembler au delà du mouvement insoumis, des citoyen.nes, des élu-es locaux, des syndicalistes, des intellectuels, des responsables associatifs, des meneurs de luttes, qui se reconnaissent dans le programme L’Avenir en Commun.
Un organe capable de donner corps à cette fédération sera constitué d'ici janvier : le Parlement de l’Union Populaire. Il rassemblera toutes celles et ceux qui souhaitent participer à la campagne et faire gagner le camp de la rupture écologique et sociale. Il aura un rôle central dans la campagne pour mobiliser les différents secteurs intéressés au changement dans la société et sera consulté sur les grandes étapes stratégiques. Celui-ci sera coordonné par la députée européenne Manon Aubry et le député de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel. Un grand meeting d'ouverture de l'Union populaire sera organisé en janvier.
Comme lors des élections présidentielles de 2012 et 2017, une marche en l'honneur de La Commune de Paris sera organisée le dimanche 20 mars 2022.
Meeting de clôture de la convention : « La victoire est possible»
Une ouverture de meeting avec des femmes à l’honneur !
Les députées Mathilde Panot, Caroline Fiat, Danièle Obono et l’eurodéputée Manon Aubry, se sont relayées pour parler des enjeux de la campagne, de santé publique, des gilets jaunes, de la bataille pour améliorer le quotidien et contre l’évasion fiscale.
Ensuite, le président de la Région Guyane Gabriel Servile, après Huguette Bello, présidente de la région de l'île de la Réunion, en août dernier, a apporté son soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
Le discours de Jean-Luc Mélenchon fut l’occasion de faire le bilan d’E. Macron et de railler les promesses du président-candidat. Il a notamment dénoncé la politique du tout nucléaire d’E. Macron, en rappelant le danger que représente cette énergie, mais aussi les coûts que supposent la gestion des déchets et le renouvellement des centrales (« le grand carénage »), évalué à 150 milliards d’euros. Jean-Luc Mélenchon ne manqua pas non plus de dévoiler le programme caché du candidat Macron, envoyé à la Commission européenne et qui prévoit une cure d’austérité sans précédent pour notre pays.
Une fois ce bilan et décryptage fait, Jean-Luc Mélenchon présenta sa vision de ce que devrait être la politique internationale de la France. Il a d'abord évoqué la question du retrait des troupes françaises du Mali, en accord avec le peuple Malien. Puis il a défendu une politique internationale indépendante de France, une relation de coopération plutôt que de confrontation avec la Chine et la Russie, la sortie de l'Otan et son opposition à l'Europe de la défense. Il est revenu sur les questions européennes et sur sa volonté de mettre sur la table le statut de la BCE et le sort de la dette, en expliquant qu’il appliquerait son programme même s’il fallait pour cela désobéir aux traités européens.
Pour finir, Jean-Luc Mélenchon insista sur la nécessité d’agir face à la grave crise sociale que nous traversons. Face à la flambée des prix de l’énergie et à la montée de la pauvreté, il a appelé à bloquer les prix du gaz, de l’électricité et des carburants. Pour le candidat insoumis, il était temps que les riches mettent la main à la poche, il est temps de créer les conditions d’une meilleure répartition des richesses. Face au programme de casse sociale des autres candidats (nouveau recul de l’âge légal de départ en retraite, temps de travail…) Jean-Luc Mélenchon continue de défendre la retraite à 60 ans, les 35h et s’engage à ouvrir des discussions pour aboutir aux 32H et à la semaine de 4 jours.
L’appel à la jeunesse
Jean-Luc Mélenchon a toujours eu la volonté de transmettre et de s'adresser aux jeunes générations. Ses différentes conférences avec les étudiant.es, la place accordée aux jeunes, la formation d'une nouvelle génération de dirigent·e insoumis·e, les plus de 20 000 témoignages à travers le hashtag #generationmelenchon, en sont l'illustration. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il est arrivé en tête chez les 18 / 35 ans en 2017.
C’est à nouveau aux jeunes générations, à celles et ceux qui feront le monde de demain, que Jean-Luc Mélenchon a souhaité s’adresser pour clôturer ce meeting.
« Vous méritez un monde moins moche que celui qu'ils se préparent à vous laisser, mais vous n'aurez rien du tout si vous ne faites rien, si vous laissez aller [...]. Nous avons besoin de votre participation vigilante aguerrie, exigeante.
Lisez les programmes jusqu'à la dernière page. Demandez-vous comment font ces beaux-parleurs pour vous dire qu'ils vont faire le bien commun en gavant quelques-uns. Comment vous faites de l'écologie politique si vous ne combattez pas le capitalisme [...]. Demandez-vous comment ils comptent faire du protectionnisme écologique avec des traités qui prévoit le libre-échange [...]. C'est ce genre d'hypocrisie que la jeune génération doit passer au Kärcher.»
Après ces mots d’appel à la vigilance citoyenne de la jeunesse, c’est en citant Jean Jaurès que Jean-Luc Mélenchon finit de son adresse :
« Je ne demande pas aux jeunes gens de venir à nous par mode. Ceux que la mode nous a donné, la mode nous les a repris. Qu’elle les garde. Ils vieilliront avec elle.
Mais je demande à tous ceux qui prennent au sérieux la vie, si brève même pour eux, qui nous est donnée à tous, je leur demande : qu’allez-vous faire de vos vingt ans ? Qu’allez-vous faire de vos cœurs ? Qu’allez-vous faire de vos cerveaux ? »
Jean Jaurès, janvier 1914
Pour revoir le meeting de Jean-Luc Mélenchon :
Anthony Brondel
Crédits photos : Anthony Brondel

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