Vie Insoumise et contres pouvoirs

« Les éléments dont je disposais le 2 mai, donc le lendemain (…) m’ont conduit à prendre cette sanction que j’ai considérée comme adaptée, proportionnée à un comportement individuel fautif (…) » sera la réponse apportée par Monsieur Patrick Strzoda, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, sur la question des sanctions intra-muros supposées.

Par ailleurs, les images montrant Alexandre Benalla aux côtés d’Emmanuel Macron parlent d’elles-mêmes : si sanctions il y a eu, celle de l’arrêt total de ses fonctions de protection n’aurait donc pas été respectée. Autant dire que le renvoi de baballe - fort a posteriori d’ailleurs – ainsi que l’apparente désinvolture de l’Elysée à l’égard des faits posent bien question.

À fait inhabituel, réponse inhabituelle. Personne ne tremble au volant de sa voiture après avoir entendu des coups de klaxon sur un périphérique bondé. Aucun d’entre nous n’irait se tapir, trésaillant au sol, à cause d’un pétard, le soir du 14 juillet. De même que personne ne crie au voleur lorsque son conjoint franchit la porte d’entrée en rentrant de sa journée de travail. À fait habituel, absence de réponse… Ce qui démontrerait que l’atteinte à l’intégrité physique apparemment impunie au prime abord s’inscrirait dans une triste normalité, et peut-être même dans une pure stratégie de sidération.

Cela nous ramène à la principale question: l’Affaire Benalla est-elle vraiment l’Affaire Benalla ou plus largement celle de l’Exécutif ? Ce comportement que le directeur de cabinet du Président juge indispensable de qualifier d’individuel – pourquoi d’ailleurs le préciser puisque l’affaire porte le nom du seul fautif ? - ne serait-il pas finalement l’arbre imposant qui cache la forêt de la luxuriante répression musclée que le gouvernement a choisie pour bâillonner la protestation générale, aussi pacifique soit-elle ? Cette affaire ne serait-elle donc pas, au final, le pléonasme du gouvernement Macron ?
Et si la violente répression est devenue monnaie courante, combien de manifestants molestés par le service d’ordre du gouvernement depuis plus d’un an ?

J’en ai moi-même personnellement fait les frais. C’était en septembre 2017 lors de la venue d’Emmanuel Macron à la Mairie de Marseille. Au sortir de la mairie, Emmanuel Macron a été reçu par de longues et bruyantes huées. Je me trouvais avec mon groupe d’action France Insoumise, ainsi que d’autres personnes, d’appartenance politique ou non, qui réfutaient la Loi Travail en scandant "Non, à la casse du Code du Travail!", "Non à la Loi Travail!" ou encore "Résistance!!!". Nous étions si majoritaires dans le paysage sonore que le Service d'Ordre du Président a commencé à nous bousculer sauvagement . L'un d'entre eux, manifestement belliqueux de nature, m'a violemment rabattue sous l'arche du Vieux Port en m'attrapant par un sein, alors que je lui signalais haut et fort qu'il me faisait mal, réaction à laquelle il a répondu: "Ne me tutoyez pas"... Il a ensuite littéralement jeté une fille de tout son poids sous l'arche. Mais nos cris de "Résistance", eux, résonnaient sans cesse, d'autant que les arches du Vieux Port faisaient office de caisse de résonnance. Je précise que nous n'étions armés que de nos voix, que la scène a été filmée, que manifester est un droit inhérent à la liberté d’expression, et que l’agent du service d’ordre n’était pas Alexandre Benalla.
C’est pourquoi aujourd’hui, nous lançons un grand appel à témoignage. Que chaque manifestant pacifiste qui aurait été malmené physiquement par le service d’ordre d’Emmanuel Macron nous fasse la narration précise des faits, photo ou vidéo à l’appui de préférence, via l’adresse mail Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et sur les réseaux sociaux accompagné de #repressionmacron. Si une vérité doit éclater, nous nous devons de décloisonner les faits afin de faire corps dans tout le pays, qui rappelons-le, se trouve être celui des Droits de l’Homme.

Estelle Barral

 

 

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