
Vie Insoumise et contres pouvoirs

C’est sur ces mots que Danielle Simonnet clôture son one woman show mené tambour battant pendant près d’une heure trente. Vous avez dit conférence gesticulée ?! Son débit de parole et son peps lui ont valu un surnom à la fac qui lui colle à la peau, Danette la mitraillette. Et c’est effectivement avec une énergie folle qu’elle nous entraîne avec elle dans le récit de ses luttes mais aussi dans le récit de sa vie d’une femme en politique.
Sur fond d’autodérision, d’humour caustique et de présentation des différentes étapes de son combat avec les taxis parisiens en tant que conseillère de Paris, Danielle Simonnet trace un portrait au vitriol de cette société ubérisée.
Le phénomène d’ubérisation désigne la mise en place d’une plateforme numérique permettant de mettre en contact directement professionnels et clientèle. A travers l’exemple des taxis parisiens qui ont subi de plein fouet la concurrence déloyale des chauffeurs VTC, elle décrit une société qui sous couvert d’innovations amène les travailleurs à s’opposer les uns aux autres et crée un enfer social. Profitant d’une crise sociale sans précédent ces multinationales comme UBER poussent des milliers de personnes ne trouvant pas de travail vers le statut de travailleurs indépendants : statut précaire, régime de protection sociale faible, bas revenus pour des amplitudes de travail importantes… L’ubérisation de la société crée une nouvelle forme de travailleur.euse sans droits, ni protection.
Danielle nous amène alors à réfléchir à notre propre responsabilité en tant que consommateur.trice, mais aussi citoyen.ne. Quand on commande via une plateforme (un chauffeur VTC, un burger ou autre), derrière il y a l’histoire d’un.e travailleur.euse au statut précaire, qui subit les hausses des commissions imposées par ces sociétés type Uber. Ce n’est pas le projet libéral de casse du code du travail mais de non code du travail que Danielle Simonnet dénonce. A cela s’ajoute l’optimisation fiscale que pratiquent ces multinationales, véritable bombe à retardement pour la survie des services publics.
Dans cette société qui nous est présentée, le marché est roi, la concurrence libre (sauvage ?) et non faussée une religion, le travailleur la variable d’ajustement.
A travers des anecdotes croustillantes sur la vie politique, durant sa vie antérieure (traduisez lorsqu’elle était au PS), puis en tant que co-coordinatrice du Parti de Gauche, elle décrit aussi une société empreinte de patriarcat, de misogynie et de sexisme. Danielle Simonnet, elle a des couilles, lui dit-on ! Euh… non. Elle a des ovaires balèzes ! Des qualificatifs masculins pour la féliciter de son combat ; un camarade du PS qui à l’époque alpague en voiture des prostitués leur indiquant qu’on cherche des femmes au PS et Danielle à l’arrière littéralement médusée, abasourdie par la situation ; un chef du protocole qui ne la salue pas alors qu’elle se trouve avec Eric Coquerel et Jean-Luc Mélenchon reçue à l’Elysée… ces histoires humaines résonnent chez chaque femme. Comme résonne la culpabilité que nombre de femmes investies professionnellement ou politiquement portent héritée de deux millénaires d’histoire.
Là où Danielle Simonnet passe, chaque militant.e s’interroge aussi sur ses propres pratiques militantes. Tractage, réunion publique, conférence-débat… la conférence gesticulée balaie d’un revers de la main ces pratiques pour apporter un vent de nouveauté.
A l’image de ce que le mouvement de la France insoumise met en place (ateliers des lois, auto-organisation, porteurs de paroles…), la politique change de visage.
Séverine Véziès

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