Résistance

Alors que la mobilisation contre le grand projet inutile du Lyon-Turin prend de l'ampleur des deux côtés de la frontière, l'une des figures du mouvement italien, Emilio Scalzo, a été arrêté, extradé puis incarcéré dans la prison d'Aix-Luynes en France.

Emilio Scalzo, figure du mouvement NOTAV en Italie

Emilio Scalzo est connu pour ses engagements en faveur des réfugiés mais aussi parce qu'il est l'une des figures italiennes du mouvement citoyen NOTAV qui s'oppose au projet de Lyon-Turin.

Né dans les années 90, le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin prévoit de relier Paris-Milan en 4 heures et Lyon-Turin en 2 heures. Sa réalisation estimée à plus de 26 milliards d'euros nécessite la construction de 164 km de tunnels et galeries creusés à travers les Alpes.

Bilan carbone abyssal, conséquences environnementales, risques sur l'approvisionnement en eau potable, etc. les associations dénoncent un grand projet inutile d'autant plus aberrant qu' une ligne ferroviaire modernisée mais sous exploitée existe déjà.

En Italie, après 2 ans d'arrêt des travaux pour des raisons économiques et sanitaires, les travaux ont repris, protégé par des militaires et des barbelés en raison d'une très forte mobilisation citoyenne.

En avril 2003, déjà plus de 20 000 opposants s'étaient rassemblés pour protester et installer des lieux de protection (Presidio): Les No TAV, opposés au TAV : treno ad alta velocità (train à grande vitesse en italien).

Ils font le siège du chantier à la manière des « guérillas de forêt » pour empêcher que ce projet ne vienne dévaster une vallée étroite et encore peu impactée par le tourisme de masse ou l'industrie.

C'est dans ce contexte de forte tension et répression, qu'Emilio Scalzo a été arrêté le 1er décembre 2021.

Les associations dénoncent un acharnement judiciaire contre un opposant

Pour les associations mobilisées sur le terrain, l'objectif des autorités est clair. Après une utilisation disproportionnée des forces de police, le pouvoir utilise l'autorité judiciaire pour réprimer le mouvement en Italie et faire d'Emilio Scalzo un exemple.

Et c'est le moins que l'on puisse dire, au regard des faits qui lui sont reprochés.

Tout à commencé lors d'une manifestation le 15 mai 2020, à la frontière entre la France et l'Italie, juste entre Claviere et Montgenèvre, le long des chemins qui sont traversés à pied par des milliers de migrants depuis des années. Lors de cette manifestation, les CRS français ont lancé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes contre les manifestants. Emilio Scalzo, resté à l'écart, aurait été pris pour cible par un CRS en tenue anti-émeute. Selon les NOTAV, " il ne pouvait pas partir lors de l'usage des gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre, alors même qu'il avait une attelle au genou et qu'il était assis".

Quelques mois plus tard, la figure de mouvement NOTAV est mis en examen pour violences aggravées et outrage sur personne détentrice de l'autorité publique.

Un mandat d'arrêt et une incarcération à titre préventif « sans précédent »

Interpellé en Italie fin août, le militant de 67 ans est d'abord assigné à résidence dans le petit village italien de Bussoleno. La justice italienne finira en décembre par autoriser son arrestation suite à un mandat d'arrêt européen émis le 15 septembre 2021 par le tribunal de Gap avec une demande d'extradition vers la France pour un délit qui n'a pas encore été jugé.

En attendant le procès, Emilio Scalzo est donc incarcéré à titre préventif à la prison d'Aix-Luynes (dans les Bouches-du-Rhône), sans condamnation, pour des faits qui n'ont pas été jusqu'ici établis par la Justice. Une situation disproportionnée au regard des faits qui lui sont reprochés.

Une demande en requête d'assignation à résidence en France chez un proche a été déposée par son avocat. Elle a été rejeté par le juge des libertés.

Un comité de soutien s'organise pour demander sa libération

Après les premières mobilisations en Italie, suite à l'extradition du militant, un réseau s'organise des deux côtés de la frontière en solidarité avec Emilio Scalzo. Ce réseau regroupe, entre autres, les NO TAV, le réseau italien Passamontagna, le réseau des élus insoumis et citoyens, et le parti italien Potere al popolo.

Emilio Scalzo a notamment reçu le soutien de plusieurs parlementaires italiens : Matteo Mantero, (Sénateur, Potere al Popolo), Doriana Sarli (Députée, indépendante), Virginia La Mura (Sénatrice, indépendante), Simona Suriano (Députée, indépendante), Paola Nugnes (Sénatrice, Liberi e Uguali), Silvana Giannuzzi (Sénatrice, indépendante), Vilma Moronese (Sénatrice, indépendante), Luisa Angrisani (Sénatrice, L'alternativa c'è - Lista del Popolo per la Costituzione), Yana Ehm (Députée, indépendante), mais aussi du conseiller régional d'Auvergne Rhône Alpes de la France insoumise Gabriel Amard ainsi qu'Hélène Le Cacheux, co-coordinatrice nationale du Parti de Gauche.

Anthony Brondel

Crédit photo : Marinella Bellando

 

 

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