Rencontres

Sabrina ALI BENALI est médecin aux Urgences médicales de Paris. Elle milite avec le collectif inter-urgences et le collectif inter-hôpital pour sauver l’hôpital public et retrouver un système de santé pleinement solidaire. Elle témoigne sur la crise sanitaire du Covid-19. Vivien Rebière a échangé avec elle à distance.

Comment se déroule votre travail ?

On a eu la chance que notre conseil de gérance des urgences médicales de Paris ait été très précautionneux, bien plus que le gouvernement. Dès qu’on a eu des nouvelles de la crise du Covid en Asie, il a été pris comme décision - en attendant d’en savoir plus et compte tenu de la gravité supposée de cette infection - de réorienter vers le 15 tous les patients revenant d’Asie qui présentaient des syndromes grippaux. Nous n’avions aucune protection à ce moment-là, en février. Puis décision a été prise de réorienter également les patients avec les mêmes syndromes qui avaient voyagé les 15 jours précédents en Italie. La gérance avait très vite compris que si nos médecins étaient contaminés, nous allions être en difficulté si le virus arrivait ici. D'autres confrères n'ayant pas pris ces mesures préventives ont été beaucoup plus touchés que nous : ils n’avaient pas pris ces précautions puisque ce n’était pas une décision portée à l’époque par les autorités. Notre conseil de gérance a fait prévaloir d’abord la sécurité de ses médecins. On a évité dès le départ de se contaminer, ce qui nous a permis de rester à flot, pour pouvoir ensuite soigner nos patients.
Malgré tout, une fois la crise arrivée en France et l’épidémie commencée, le manque de matériel a prévalu. Notre exercice s’est transformé, dans le sens où l’on fait plus de 80 % de Covid. Nous avons entre doublé et triplé nos plannings de garde pour répondre à la masse des appels sur ces dernières semaines. Nous avons dû recourir aux appels aux dons, surtout via les réseaux sociaux. C’est uniquement cela qui nous a permis de nous protéger partiellement puisqu’à l’heure où je vous parle [10 avril 2020], nous n’avons quasiment strictement rien reçu de l’État. Les choses que les uns ont reçues furent obtenues en se déplaçant soi-même dans les pharmacies qui avaient reçu des stocks d’État... et ça dépendait des pharmacies. En ce qui me concerne, j’ai dû en faire 12. C’est déjà assez exténuant d’avoir les rythmes qu’on a, alors en plus sur ses seuls jours de repos faire les pharmacies de sa ville... Je n’ai eu le droit qu’à un seul stock de 5 masques chirurgicaux, ni FFP2, ni rien. Heureusement que nous avons les dons, qui sont des masques périmés mais ils nous permettent au moins un minimum de protections.

Que pensez-vous des hôpitaux qui mettent en place des structures de fabrication de masques avec du tissu ?

J’ai vu ça. J’ai vu ceux qui ont fait appel aux couturières parce que, je crois, certains comités scientifiques se sont mis en place pour essayer de valider des masques en tissu avec des composants à l’intérieur qui pouvaient être protecteurs. De toute façon, une fois passé le constat de l’incurie totale des autorités dans cette gestion de crise, il faut bien se débrouiller avec les moyens du bord. Nous n’avons pas le choix. On devrait changer de masques à chaque visite, mais on les garde 8 heures sur nous. Idem avec les dons reçus de surblouses et de charlottes : elles ne devraient servir que pour un seul patient. Mais les deux semaines précédentes, j’avais 20 surblouses pour les 15 jours, sachant que je vois 10 à 12 patients par garde. Il m’en faudrait le quadruple.
Donc avec de nombreux médecins, on est parti du principe que nous n’aurions que le masque pour se protéger. On a ressorti des pyjamas d’hôpital qu’on a gardés de l’internat, ou alors on en a demandé à nos confrères qui bossaient toujours à l’hôpital. On s’est mis une tenue en tissu, en se disant que n’aurions pas de protection suffisante. On s’est considéré en tenues porteuses du Covid, puisqu’on passe chez les patients Covid sans être suffisamment équipés. Donc nous faisons de la protection à l’envers. Nous ne mettons nos protections que pour protéger les individus les plus vulnérables que nous allons voir, les patients qui n’ont pas le Covid, afin de ne pas les contaminer. Cela nous permet de ne pas dilapider nos stocks en une seule soirée.

Avez-vous des témoignages sur ce qu’il se passe à l’hôpital et dans les EHPAD ?

A l’hôpital, l’incurie on la connaît. Les témoignages ont été suffisamment nombreux. On a vu les surblouses qui se déchirent, les manques de lits, de respirateurs, et dans certains hôpitaux il n’y avait même plus de masques chirurgicaux, alors que ceux-ci ne nous protègent même pas. Les soignants hospitaliers doivent eux aussi réutiliser du matériel.
Tout le monde, je crois, a largement dénoncé l’hypocrisie du gouvernement Macron qui ne cesse ses éléments de communication les uns derrière les autres, alors qu’il nous a méprisés pendant l’an et demi de grève qu’ont faite mes collègues, en disant que la santé sera une priorité. C’est un mensonge. Cela fait un an et demi, moi personnellement des années comme d’autres, qu’on dit à quel point la santé n’a jamais été leur priorité ! Devoir choisir entre deux personnes qui vont pouvoir survivre faisait partie des choses que l’on voyait déjà avant la crise du Covid ainsi que le risque pris pour la santé des patients causé par le manque de moyens comme lors du transfert cet hiver des enfants en réanimation pédiatrique à 200 km des hôpitaux parisiens faute de place en Ile-de-France… La question se posait déjà et ça ne les émeut pas. Quand les suicides des hospitaliers ont eu lieu par dizaine dans les hôpitaux, ça ne les a pas émus non plus. Donc on voit bien là une hypocrisie.
Et puis le phénomène de l’héroïsation a pour but de nous mettre au silence. Comme le dit très bien mon confrère Baptiste Beaulieu, un héros ne se plaint pas, un héros ne dit pas qu’il a peur, pour lui, pour sa famille, qu’il pleure, il va au combat. Sauf que ce n’est pas vrai, on n’est pas des héros, on fait notre travail dans des conditions d’y aller la boule au ventre, d’être inquiets pour nous, pour nos familles. C’est inadmissible.
Aux Urgences médicales de Paris, on se déplace dans nombre d'EHPAD parisiens qui nous appellent pour leurs malades. La majorité des soignantes n’ont rien d’autre qu’un masque chirurgical et leur tunique de travail simple. Elles alternent d’un patient Covid à un patient non Covid, traînant le virus avec elles de chambre en chambre avec pour seule chance de rendre tous les malades positifs à ce rythme-là, d’où l’hécatombe qu’on connaît maintenant.

Quelles auraient été les bonnes décisions à prendre ?

Je ne suis pas experte. Est-ce qu’on saura très clairement ce que Madame Buzyn avait dit ? Je ne sais pas. Elle dit qu’elle savait que ça allait être une crise sanitaire de grande ampleur et que l’épidémie allait arriver chez nous. Elle est pourtant partie faire campagne aux municipales et a quitté le navire en train de couler. Ses états d'âme d'après coup sont indécents.
D’abord, il ne fallait pas lâcher nos stocks permanents de masques. Ensuite peut-être regarder de moins haut nos confrères en Chine et en Italie, puisqu’on les prenait pour des gens qui ne savaient pas gérer une épidémie. On aurait dû anticiper le confinement. A l’époque où le cluster de l’Oise a été confiné, c’était à moitié, puisque des gens continuaient à aller au travail en Ile-de-France et à répandre le virus. Il y a eu en fait une incohérence tout le temps. Ils ont confiné le retour des avions de Wuhan, mais pas le cluster de l’Oise. Tout a été fait à moitié. Il aurait fallu protéger d’entrée de jeu tous les soignants. Il est évident qu’en allant voir des patients Covid sans protections, nous allions être les premiers vecteurs de cette épidémie. Et c’est probablement ce qui a largement favorisé l’extension rapide de cette épidémie. Tous les médecins généralistes, les infirmières libérales, les aides-soignantes, les soignants dans les EHPAD, dans les hôpitaux ont probablement transmis le virus à de nombreux patients. Et à eux-mêmes puisqu’on voit malheureusement des confrères qui sont décédés, d’autres qui sont en réanimation. Toutes ces mesures auraient dû à minima être prises très très tôt, or elles ne le sont toujours pas.
L’appel à la population a été un lot d’injonctions contradictoires du jour au lendemain. Il fallait fermer les écoles mais on pouvait maintenir le 1er tour. Il fallait rester chez soi mais sortir sans aucune précaution annoncée. Ils ont réagi comme si tous les gens confinés étaient dans des maisons, seuls, avec jardin et qu’ils n’auraient pas besoin de sortir. Or dans les grandes métropoles, on vit dans des bâtiments, avec un ascenseur, avec des boutons de code communs, avec trois portes où tout le monde touche la même porte. Tout cela participe de la poursuite de l’épidémie. Or des messages simples n’ont pas été diffusés. Je l’ai fait à l’échelle de ma résidence : j’ai affiché un tableau sur lequel j’ai indiqué comment éviter de sortir tous en même temps, conseillé de pousser les portières avec du sopalin ou d’ouvrir avec son pied, de ne pas toucher le digicode avec ses doigts et de porter un masque le plus possible.
Concernant les annonces, les débuts de promesses de Macron, qu’en pensez-vous ?
C’est quand même un monde l’hypocrisie dont ils font preuve ! Je pense au limogeage du patron de l’ARS du Grand Est suite à la suppression d’emplois qui tombe juste au mauvais moment, parce que ça fait un mauvais élément de communication gouvernementale de virer les soignants alors même qu’on les applaudit.
Je rappelle que ces gens et le ministre de la santé ont voté la loi de financement de la Sécurité sociale 2020 qui nous a tous mis dans la rue, laquelle prévoit des économies de 600 millions d’euros pour 2020! Et c'est pareil l'année dernière alors même qu'il avait promis en début de mandat de ne pas faire d'économies sur l'hôpital. Celles-ci entraînent de fait cette réduction de masse salariale, des fermetures de lits. C'est la poursuite de la même logique ! Et celle-ci est probablement la cause de nombreux morts qu'on aurait peut-être pu éviter. Quand on part de 5 à 7 000 lits de réanimation, on ne part pas dans la même situation que quand on a 15 000 lits et qu’on a les capacités d’augmentation. Ça c’est le point 1.
Le point 2 : ils disent une reprise de dette partielle ou totale par l’État. Mais l’État c’est quand même nous, ce n’est pas Monsieur Macron qui signe un chèque ! Et c’est soumis à condition avec encore une fois la part belle faite aux partenariats public / privé dont on sait qu’ils ont donné dans la plupart des cas des gestions calamiteuses et ont coûté des fortunes aux contribuables, bien plus élevées que si les établissements étaient gérés par le public. Sans compter qu’on n’a aucun mot sur la gestion publique complète de l’hôpital. On laisse le privé à nouveau s’engouffrer là où l’État fait défaut, comme avec les conciergeries de genre Happytal qui viennent servir aux patients (du moins à ceux qui en ont les moyens) des services pour faire la toilette, coiffer, livrer des repas. Aucun mot sur la gouvernance hospitalière qui doit impérativement revenir aux usagers et aux soignants.
On a vraiment l’impression que ce sont des effets de communication et qu'on ne pourra malheureusement pas compter sur eux pour changer de braquet. On a encore eu avant-hier Olivier Véran qui ose dire à l’Assemblée qu’il faudra demander aux soignants ce qu’ils attendent de leur outil de travail à l'hôpital ! Ça fait des années qu’on le crie sur tous les toits. C’est à ce point clair que nous sommes arrivés à ce que tous les services hospitaliers français se réunissent autour de 10 revendications, qui sont celles du Collectif inter-urgences et du collectif inter-hôpital. Quand tout le pays arrive à se réunir autour de 10 demandes, ce dont on a besoin est assez clair. Il n’y a pas besoin de faire une nouvelle étude ou un nouvel audit pour savoir ce qu’il nous faut. Ce sont des effets de langage désastreux.
Que pensez-vous des applaudissements à 20h ? Qu’attendez-vous des habitants, de la population ? Les applaudissements à 20h nous ont pas mal fait chaud au cœur. On est dans des conditions très difficiles, il faut admettre, on voit des choses tellement pas belles en ce moment. Et en plus il y a l’anxiété massive qu’on porte tous avec nous en ce moment. Pour chaque soignant qui rentre chez lui, dès qu’il a mal à la tête ou qu’il tousse, ça engrange une anxiété massive de se retrouver nous aussi dans un lit de réanimation. On prend des risques immenses compte tenu de leur incapacité à nous équiper. Les applaudissements nous donnent de la force et du courage pour continuer à y aller.
Je crois qu’on est une majorité, cela a été très largement diffusé, pour dire que la mobilisation autour des soignants ne doit pas s’arrêter là. Il faut aussi qu’elle s’accompagne de la dénonciation de ceux qui sont responsables de cette situation. C’est pour cette raison que j’ai répondu sèchement au Président de la République qui a osé se joindre à ce « Merci » dans ce tweet qui a fait 8 000 et quelques retweets, qui a été élu meilleure réplique sur le site des meilleures répliques du mois de mars, avec un doigt d’honneur à Macron. Ce monsieur n’est clairement pas bienvenu dans ces applaudissements. Tous les gens qui ont participé de près ou de loin à cette incurie ne sont pas bienvenus.
Après on espère que la solidarité ne va pas s’arrêter là et qu’ils seront du combat avec nous, parce que c’est d’abord pour eux qu’on se bat. Pour nous, pour nous tous, pour la société ! On voit bien aujourd’hui que sans l’hôpital public et sans la Sécurité sociale, cette pandémie serait encore plus catastrophique. C’est ce qui permet encore de sauver des gens qui ne vont pas se retrouver endettés jusqu’à la fin de leur vie, comme aux Etats-Unis où je le rappelle une journée d’hospitalisation coûte 3 800 euros.
J'espère que cela aura aussi permis à des gens ayant été bernés par un soi-disant "vote progressiste" Macron d’avoir une prise de conscience de choses qui étaient un petit peu cachées auparavant et qui se sont révélées publiques, qu’il s’agisse par exemple du mensonge qui dure depuis 2 mois, révélé par Médiapart, sur les masques. C’est une affaire d’État. On espère une conscientisation massive sur le fait que tous les champs de la société ne peuvent pas, ne doivent pas être soumis aux impératifs de rentabilité, du profit. On ne peut pas gouverner une société de cette manière sans avoir des catastrophes sanitaires, économiques, etc. C’est valable pour l’hôpital, c’est valable pour tous les services publics.

Que pensez-vous des plaintes au pénal déposées par des médecins et citoyens ? Est-ce utile ?

Oui je pense. J’ai cru voir que ça les inquiétait, donc j’espère que ça ne va pas s’arrêter là. J’ai été ravie de voir que ça a dépassé les 100 000 plaintes. J’espère que l’initiative se diffusera encore plus. Je n’ai pas eu encore le temps de faire la mienne, parce qu’on réfléchit au sein des urgences médicales de Paris entre certains médecins, pas tous, entre la faire de manière collective ou un par un.
En ce moment, nous sommes extrêmement occupés. On se lève Covid, on mange Covid, on se repose Covid, puisqu’il y a nos gardes auprès des patients, les rappels, les nouvelles recommandations chaque jour. On essaye de se tenir au courant de tous les nouveaux cas cliniques qui arrivent, des lits de réanimation disponibles au jour le jour. Nous avons une quantité de lectures journalières qui nous empêchent pour l’instant de nous concentrer sur les suites à donner vis-à-vis des plaintes. Mais on compte bien s’en occuper dès qu’on aura un peu sorti la tête de l’eau. Je pense qu’on sera très nombreux à s’associer à ces plaintes, en espérant qu’elles puissent avoir des conséquences, qu’ils aient des comptes à rendre à la nation. Ensuite va-t-on y arriver ou est-ce que ce ne sera que symbolique ? Je ne le sais pas encore. Mais ce qui est sûr, c’est qu’elles montreront, appuieront de fait la colère et les injustices criantes et surtout l’illégalité dans laquelle ils nous mettent depuis des semaines.

Quel est le monde d’après pour vous ?

C’est peut-être une sorte de monde « d'avant avant ». Revenir aux principes acquis par le Conseil national de la Résistance. On se gratifie toujours d’avoir eu de très belles avancées au sortir de la guerre. Puisque Macron dit que c’est une guerre, j’espère qu’on en ressortira avec les mêmes avancées et qu’elles seront emmenées par le peuple.
On ne peut pas compter sur eux pour faire vivre les principes de notre République qui sont bafoués depuis longtemps, Liberté, Égalité, Fraternité. Parce que la fraternité est relayée au ban des dernières valeurs de notre société, l’humanité aussi, la liberté aussi et l’égalité encore plus. L’idéal pour moi serait de retrouver des rapports de force en faveur de l'intérêt général, où le peuple refuserait que le profit soit le maître mot de notre société. Retrouver les valeurs fondamentales de la République et faire corps autour de ces valeurs communes, en faveur de l’intérêt général, au lieu d’avoir une société tournée au bénéfice de quelques-uns et au détriment de l’intérêt du plus grand nombre.

Merci beaucoup.
Bon courage.

Propos recueillis par Vivien Rebière

Sabrina Ali Benali est l’auteure du livre La révolte d’une interne : santé, hôpital : état d’urgence, paru en 2018 aux éditions Cherche midi désormais disponible chez J’ai lu. La crise du Covid n’est pas encore arrivée. Le 11 janvier 2017, elle interpelle la ministre de la Santé dans une vidéo sur Facebook sur l’état des hôpitaux. La vidéo est vue plus de 11 millions de fois en trois jours. Elle devient ensuite une des porte-voix des professionnels de santé en France. Dans ce livre, Sabrina Ali Benali témoigne de l’état de décomposition de l’hôpital public.

 

 

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