
Lire et sortir

Plus d'un mois avant la sortie au cinéma de son nouveau documentaire témoin, « Debout les Femmes ! », François Ruffin a choisi d'en faire l'avant-première dans une ville marquée par la solidarité et le coopératisme : Besançon. Pour le député reporter, Besançon tombait sous le sens. Selon son à-propos via le réseau social Tweeter, la cité franc-comtoise est même "la capitale de l'entraide.".
Sa journée à Besançon a commencé par des rencontres avec Amandine, une intérimaire, Frédéric des Fonderies MBF à Saint-Claude, Charles Piaget, figure bisontine du combat des LIP. Après une ballade dans les rues bisontines sur les traces des grands noms qui ont participé à écrire l’histoire de la ville – Proudhon, Fourrier, Hugo – c’est au son de la fanfare Battant que François Ruffin est arrivé place de la Révolution, où il s’est adressé à la foule ainsi réunie, avant de se rendre à l’avant-première.
François Ruffin s'efforce depuis une vingtaine d'années de faire entendre la voix des classes absentes du monde médiatique ou politique. "J'ai fait entrer ces fractions dans mon journal (Fakir) ; à la radio dans « Là-bas si j'y suis » (NDLR : émission immersive de France inter. Il était déjà très impliqué dans les abysses sociales) ; au cinéma et enfin à l'Assemblée", résume-t-il devant 386 personnes réunies pour cette avant-première. Pour les franges populaires qu'il entend représenter, ses interventions législatives et ici cinématographiques, se veulent être une chambre d'écho. "Quand je parle des femmes de ménages, les femmes de ménages se reconnaissent" assure l'élu.
En 2016, le film « Merci Patron » qui lui a valu le César du meilleur documentaire, semblait montrer en filigrane quelque chose qui manquait au champ d'action de M. Ruffin : l'étape politique. Depuis, les combats ont monté d'un cran mais l'idée reste la même.
Doublé d'incrédulité, sur l'aboutissement des lois qu'il propose et sur les amendements qu'il dépose, son engagement de faire retentir les préoccupations du peuple persiste. Son film-documentaire n’occulte cependant pas une certaine forme de désillusion.
Le film revient en substance sur le coup de pied pris par un texte de loi rendu exsangue. Vidé de son sens sous le regard exorbité de François Ruffin qui en est le co-auteur. Le but de cette loi était d'améliorer le statut de toutes ces femmes qui travaillent dans les métiers du lien (aides à domicile, auxiliaires de vie scolaire, femmes de ménages…) et qui sont si mal payées, si mal considérées, si mal reconnues. On retrouve d'abord la séquence devenue virale sur les réseaux, un moment tempétueux du député de la Somme, excédé face au mépris patent tourné en ironie, par Brigitte Bourguignon qui dirige alors la commission des affaires sociales. François Ruffin reviendra, lors de la discussion d’après film, sur cette épisode du film où on perçoit son désarroi au sortie de l’examen du texte en commission. "Je n'aime pas cette scène où je suis assis sur un plot parce que Gilles (Perret, co-réalisateur du film) me dit que je m'attendais à ça. Ce n'est pas vrai, je pensais qu'ils lâcheraient quelque chose ! (...) Ils n'ont même rien proposé", nous livre François Ruffin.
Pour François Ruffin, ce n’est pas à l’Assemblée seule que l’on peut bouleverser l’ordre social. La pression doit provenir de l’extérieur. Avec les Gilets jaunes, "on sentait que ce qui se passait à l'intérieur de l'hémicycle prenait une dimension différente, on était mis au pied du mur, parce que ça bougeait dehors" concède-t-il.
« Debout les femmes ! », un road-movie parlementaire plein d’humour, d’humanité et de tendresse (la BO du film n’est autre que la chanson de Bourvil « La tendresse ») qui devrait pouvoir compter sur un accueil enthousiaste dans les salles et ailleurs !
En témoignent les applaudissements soutenus de la salle et les demandes pour diffuser ce film-documentaire partout où cela sera possible.
Fred D Rico

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