
Lire et sortir

«Il n’y a pas de peuple libre sans communes libres»
La ville est désormais le théâtre privilégié de la lutte des classes. La fragmentation des luttes, la conscience écologique, la financiarisation du capitalisme ont conduit au déplacement de la conflictualité des entreprises vers l’espace plus englobant de la ville. La mobilisation des gilets jaunes sur les ronds-points en est un symbole.
Ce livre explore sous ce prisme, et en se fondant sur l’analyse de Jean-Luc Mélenchon dans l’Ere du Peuple, quelques-unes des problématiques les plus importantes du nouvel humanisme : la crise écologique, les transports, le logement, le numérique, la désindustrialisation, la souveraineté populaire.
La ville est devenue un fait social total. Pour cause, la condition urbaine est devenue quasi-universelle : 60 % de l'humanité vit en ville, 80 % des français. Ce phénomène a bouleversé les modes de vie, obligeant les êtres humains à développer un réseau d’interdépendances, de plus en plus étendu, pour vivre et répondre à leurs besoins fondamentaux, pour se loger, se nourrir, se déplacer… Avec sa main-mise sur les rouages de ce réseau de solidarité, le capitalisme financier s’est accaparé la ville, soumettant les services publics à la loi du marché. Les réseaux de transport, d'éducation, de santé, d'alimentation, de communication ou de production ne sont pas distribués de manière égale sur le territoire. Ils ne sont pas présents partout sous la même forme et avec la même qualité. Et pour cause, leur mode de production, d'entretien et d'accès sont déterminés par la finance.
Ce livre ne se contente pas d’analyser ce qui ne va pas. C’est même l’inverse ! « Les communes libres » est un livre qui propose des solutions pour que les citoyens puissent se réapproprier leurs communes pour servir le projet de Révolution citoyenne.
Décliné en 6 chapitres, il revisite les visions idéologiques qui ont prévalu aux politiques locales du transport, du logement, de l’industrie (ou plutôt de la désindustrialisation) locale, ou du commerce, pour mettre tous ces secteurs au service de la conscience urbaine écologiste. La solution c’est le peuple ! Antoine Salles-Papou développe notamment cette idée avec la notion de « patriotisme municipal ».
En partant de l’idée que la ville est un espace de lutte qu’il faut se réapproprier, il remet en cause les stratégies consensuelles déployées depuis les années 80, quelques soient les bords politiques des élus locaux : la désindustrialisation au profit d’une économie résidentielle, l’hyper spécialisation des territoires au détriment du maintien et du développement de filières locales, de la production locale à la consommation locale.
Il réhabilite ainsi l’idée d’une industrie locale qui va susciter une production locale pour approvisionner un tissu local, et donc toute entière tournée vers l’intérêt général. Ainsi, pourrait-on imaginer une agriculture municipale qui servirait les cantines, mais élargir ce raisonnement à tous les secteurs : l’énergie, le chauffage, les transports…
Il réinterroge également la question de la propriété par le bout de la lorgnette locale : les habitants ont une aspiration légitime à la propriété d’usage, mais en même cette aspiration est confisquée par les spéculateurs. Que ne pourrait-on pas imaginer un système où la commune est propriétaire du foncier, et les habitants propriétaires des logements pour une location du terrain pour une durée de 99 ans, au loyer symbolique de 1€, et en y introduisant des clauses anti-spéculatives, comme l’interdiction de revendre plus cher que le prix de départ (et tenant compte de l’inflation et des travaux entrepris).
Ce livre n’est pas une ode au municipalisme, revenu à la mode. Pour changer le monde, la conquête du pouvoir d’état est incontournable. La mobilisation par en bas est indispensable, et c'est ce que les communes peuvent contribuer à faire.
Ce livre est une invitation à semer des preuves par l’exemple. Face aux discours défaitistes, aux TINA (There is no Alternative) si chers aux tenants du capitalisme qualifiant facilement les tenants du nouvel humanisme d’utopistes, il faut démontrer que d’autres politiques locales sont réalistes et réalisables.
C’est aussi une manière de former des consciences : partant de leurs conditions d’existence, de leurs luttes locales, la co-construction d’un projet local, l’instauration d’un élan et d’une dynamique locale permettent de mobiliser des gens pour reprendre le pouvoir. L’idée progresse sur le terrain et dans les têtes.
Enfin, gagner des villes pour porter ce projet de communes libres permet de disposer de bases arrières, non seulement vitrines d’un projet plus global, mais aussi indispensables dans l’affrontement à la finance. Il s’agit de construire des réseaux industriels et politiques indépendants de la finance pour préparer la prise du pouvoir de demain.
Les Communes Libres constituent également une référence aux libertés républicaines construites d’abord dans les Communes avant leur expansion. La Sécurité sociale en est un exemple parmi de nombreux autres.
Ce livre propose une méthode : celle de reformer des communautés politiques dans lesquelles on fait l'expérience concrète de la souveraineté populaire.
D'abord, en explorant toutes les formes de démocratie directe que rend possible l'exercice du pouvoir au niveau des communes. Ensuite en modifiant le rapport entre le peuple et sa représentation institutionnelle. Là encore, les institutions municipales peuvent servir à construire cette nouvelle relation aux élus qui fasse d'eux non pas une classe à part qu'alternativement on déteste ou vers laquelle on se tourne en espérant obtenir quelque chose mais réellement les représentants du peuple. Et davantage du peuple que représentants. Cela suppose une pratique du pouvoir, des attitudes de la part des élus municipaux qui sans cesse montrent le camp auquel ils appartiennent. Et surtout, d'augmenter le contrôle qui peut s'exercer en permanence sur eux. Il s'agit de réunir démocratie représentative et démocratie directe. Cette radicalisation de l'idée républicaine par les communes, ce livre la propose sous l'expression du patriotisme municipal.
Ainsi, l'échelon communal ne peut être négligé dans la bataille qui vise à sortir le peuple à conquérir sa souveraineté : il n’y a pas de peuple libre sans communes libres.
Mounia Benaïli
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