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ÉDITO : GÉNOCIDE



mardi 01 juillet 2025

 ÉDITO  © Séverine Véziès  Besançon, drapeau palestinien hissé sur les mâts de la mairie le 23 juin 2025. Suite à un recours du préfet, le tribunal administratif a ordonné son retrait.

Besançon, drapeau palestinien hissé sur les mâts de la mairie le 23 juin 2025.
Suite à un recours du préfet, le tribunal administratif a ordonné son retrait.

GÉNOCIDE

par Séverine Véziès - Le Journal de l'insoumission n°1798 JUILLET 2025

 

Plus de 55 000 morts répertoriés à Gaza dont près de 16 000 enfants. 129 880 personnes ont été blessées, dont 34 173 enfants. 95 % des écoles ont été endommagées. Selon le dernier rapport du Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire (IPC), 470 000 personnes à Gaza sont confrontées à des conditions de famine et l’ensemble de la population souffre d’une insécurité alimentaire aiguë. À l’heure où j’écris ces lignes, c’est le bilan effroyable de la catastrophe humanitaire qui se joue à Gaza. Derrière ces chiffres, ce sont des vies humaines qui s’éteignent, des corps décharnés par la faim, des corps amputés.
1 enfant palestinien meurt toutes les 40 minutes. « C’est la vie même qui est anéantie dans la bande de Gaza » résume le directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. 
L’Occident est le témoin et le complice du génocide des palestinien·nes. La France, les USA, l’Europe, ont pourtant les moyens d’agir et de faire pression. Exiger un cessez-le-feu, reconnaître l’État de Palestine, refuser de livrer des armes, suspendre l’accord d’association entre l’UE et Israël, prononcer des sanctions économiques à l’encontre d’Israël, exiger l’arrêt du blocus de Gaza qui empêche l’aide humanitaire de parvenir aux Gazaouis, dénoncer le processus de colonisation et la violence qui en découle en Cisjordanie… En résumé : exiger le respect du droit international. 
L’année 2025 marque le 80ème anniversaire de l’ONU. Un anniversaire marqué par le recul sans cesse du droit international en tant qu’outil de règlement des conflits internationaux. La loi du plus fort s’impose et la course à l’armement vient gaver l’ogre capitaliste en crise. Trump exige, l’Europe (sauf l’Espagne) se couche.
C’est dans ce contexte d’inaction internationale, que le bateau Madleen s’est lancé dans une traversée jusqu’à Gaza pour livrer de l’aide humanitaire avec à son bord 12 membres d’équipage, dont Rima Hassan, Greta Thunberg et deux journalistes. Les Gazaouis ne verront jamais la couleur de la cargaison suite à l’intervention illégale de l’armée israélienne dans les eaux internationales. La France n’aura rien à dire alors qu’une députée française était détenue dans les geôles israéliennes. Les médias mainstream diffuseront jusqu’à plus soif la propagande israélienne sans jamais avoir un mot pour leurs confrères détenus illégalement. 
En brisant le blocus médiatique, le courageux équipage de ce petit bateau aura fait plus pour la cause palestinienne 
que la communauté internationale en 20 mois
de tergiversation et d’incapacité (ou d’absence de volonté) à briser l’impunité israélienne. Une impunité qui va au-delà de Gaza avec les attaques israéliennes sur le Liban, la Syrie et l’Iran. 
En France, de nombreuses villes affichent le drapeau palestinien au fronton de leurs mairies. Souvent aux côtés du drapeau ukrainien, en solidarité avec les peuples agressés. Ces gestes, là encore symboliques, sont importants, parce qu’ils ont vocation à briser le silence. Systématiquement, la justice est saisie par les préfets, représentants de l’État français. Au nom du principe de neutralité des services publics, les tribunaux administratifs ordonnent que ces drapeaux soient retirés. Si ces décisions peuvent nous paraître injustes, ce n’est pas sur le terrain juridique que cette question se joue. C’est une question éminemment politique avant d’être juridique. Car en réalité, en faisant ces recours, c’est leur choix de fermer les yeux sur le génocide et le calvaire des Gazaouis que les macronistes tentent de dissimuler derrière le droit. Ces recours sont des crachats à l’adresse des millions de palestiniens que les autorités israéliennes sont entrain d’exterminer. 
Alors, il revient à nous, partisan·nes de la paix et du respect du droit international de multiplier les mobilisations, les gestes symboliques, ô combien importants dans ce contexte. Malgré les insultes, les caricatures ou les menaces, c’est notre devoir. Parce que c’est de notre humanité qu’il s’agit.

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