ÉDITO : Un forcené à l’Elysée
par Séverine Véziès - Le Journal de l'insoumission n°1792 janvier 2025
Les évènements institutionnels que nous avons vécus ces dernières semaines sont historiques. Jamais depuis 1962, un gouvernement n’avait été censuré. Cette censure du gouvernement Barnier était prévisible et inévitable. Elle est le point d’orgue de l’agonie des institutions de la 5ème République. Un texte constitutionnel dépassé dans une France qui n’est plus celle de 1958. Une agonie qui s’est accélérée depuis 2017 avec un président de la République qui a érigé la maltraitance sociale, démocratique et institutionnelle en mode de gouvernance.
En 2022, sa détestation est telle qu’il est le premier Président depuis 2002, et le passage au quinquennat, sans majorité absolue. Élu à la faveur d’un barrage républicain face au RN, ni en 2017, ni en 2022, il n’en tiendra compte. Le bilan d’E. Macron, c’est 11,5 millions de pauvres, 6 millions de chômeurs, un taux de faillites d’entreprises qui n’a jamais été aussi élevé depuis 6 ans, des services publics délabrés, l’inaction climatique et tout ça au prix d’une explosion de la dette publique de plus de 1 000 milliards en 7 ans.
Juin 2024, l’extrême droite est aux portes du pouvoir. Macron n’a pas été un barrage mais un pont. Sa « grenade dégoupillée lancée », la République est sauvée en juillet 2024 grâce au Nouveau Front Populaire et à toutes celleux qui se sont mobilisé·es face au péril fasciste.
Mais E. Macron se désintéresse bien de la volonté du peuple si celle-ci s’oppose à son calendrier et à sa politique. 3 mois après la nomination de ce gouvernement illégitime, celui-ci est donc censuré. Macron est à nouveau en première ligne.
Le lendemain, son allocution est lunaire. Habité par un déni pathologique, il nomme quelques jours plus tard, le premier des macronistes, F. Bayrou. Le Rassemblement national est le premier parti reçu par le nouveau locataire de Matignon. Après l’alliance Macron-Barnier-Le Pen, place à la saison 2 de l’alliance des dégoutants : Macron-Bayrou-Le Pen. Inexorablement, E. Macron nous mène au chaos.
À peine nommé et alors que Mayotte est frappée de plein fouet par un cyclone meurtrier, F. Bayrou quitte la conférence de presse de crise, devant des journalistes et membres du gouvernement médusés, il préfèrera prendre un jet privé au frais des Français·es pour se rendre à Pau plutôt que de rejoindre la cellule de crise.
Les plus précaires, déjà fragilisés par des conditions de vie difficiles, sont les premières victimes de cette catastrophe. Le cyclone détruit, le sous-développement tue. Macron est responsable des bidonvilles et des conditions sanitaires indignes. Il porte la responsabilité de son inaction climatique. À peine nommé donc, F. Bayrou montre qu’il n’est pas à la hauteur de la gravité de ces évènements au bilan humain dramatique.
Janvier 2025, l’enjeu des prochaines semaines est de faire tomber ce gouvernement. Parce qu’il est illégitime et parce qu’aucune concession ne sera faite par ceux-là mêmes qui depuis 7 ans méprisent l’opposition et la mobilisation populaire. Le Nouveau Front Populaire doit rester uni pour combattre ces artisans du chaos. Si F. Bayrou ne sollicite pas le vote de confiance suite à son discours de politique générale, les député·es du NFP devront voter la censure à priori. Si elle n’est pas adoptée, parce que le RN voudra comme en septembre sauver Macron, viendront les débats budgétaires. Comme cet automne, le Nouveau Front Populaire devra défendre son contre-budget et faire les mêmes démonstrations. Un budget juste et équilibré. Le RN sera, sans aucun doute, à nouveau, en première ligne pour défendre le bloc bourgeois et ses privilèges. À nouveau, il faudra dénoncer leur hypocrisie entre leurs votes et leurs discours, à nouveau il faudra leur mettre la pression.
L’hypothèse d’une nouvelle censure en janvier est probable. Elle est souhaitable parce qu’E. Macron ne s’en relèvera pas. Dans l’hémicycle, dans les luttes, aux côtés des citoyen·nes, préparons-nous, soyons en ordre de bataille. En 2025, enfin, place au peuple !