France

Alors que le mouvement des #EtudiantsSansMaster dénonçaient le manque de places pour accueillir des jeunes diplômés de licence en Master, la ministre de l'Enseignement Supérieur, Frédéric Vidal, a annoncé la mise en place d'une plate-forme unique pour la sélection des candidatures en Master.

Le Gouvernement sélectionne plutôt que d'investir dans l'enseignement supérieur

Depuis 2016, les universités peuvent pratiquer la sélection en Master 1. Beaucoup d'étudiant·es titulaires de Licence, se sont ainsi retrouvés sans solution. Et cette tendance est à la hausse. L'an dernier, ce sont 12 050 étudiant·es qui ont dû faire un recours après avoir vu tous leurs vœux refusés, contre 4043 en 2017.

Alors que les étudiant·es doivent aujourd'hui monter un dossier devant chaque université, le portail « Trouver mon master » permet notamment aux étudiant·es recalé·es de trouver une solution via plus de lisibilité sur les différentes offres de Master.

Le projet de la ministre est de faire évoluer cette plateforme afin de renforcer la concurrence entre établissements et la sélection des étudiant·es.

La plateforme devra indiquer les attendus du master, le taux de succès de chaque master, et sera amenée à centraliser les candidatures, s'inspirant du modèle pourtant décrié de Parcours-Sup, qui organise la sélection à l'entrée de l'Université. Le nombre de vœux maximum, n'a pas été pour l'instant précisé et sera fixé par arrêté.

Cependant, la phase d'admission a été précisée. Une vrai usine à gaz !

Cette réforme ne reglera en rien le problème des non-admis. Pire encore, « une majorité d'étudiant·es pourraient se retrouver dans un master ne correspondant pas à leurs premiers choix » dénonce un communiqué commun des organisations de jeunesse (Alternative, UNEF, Sud étudiant, UNL etc.) , qui voient dans ce projet une nouvelle étape dans la sélection à l'Université.

L'objectif de ce projet est en effet à peine voilé.
Face à la pénurie et la multiplication des demandes d'admission en master, la ministre choisit de réguler les places disponibles, plutôt que donner les moyens à ceux qui veulent étudier.

Une réforme précipitée au calendrier hasardeux

La ministre entend formaliser ce nouveau dispositif pour décembre 2021 avec une application dès février 2022, sans même attendre les résultats de l'élection présidentielle.

Alors qu'aucune concertation n'a été prévue, depuis quelques semaines, les établissements doivent faire remonter des informations relatives aux parcours de Master « avant les vacances de Noël ».

Pour le syndicat étudiant l'Alternative  « Voilà une réforme majeure, extrêmement technique, impliquant un travail monstre des enseignant·es, présentée en novembre pour une publication en décembre, et une mise en place début février ».

Même le syndicat d'enseignant Sgen-CFDT « déplore la précipitation dans laquelle se prépare l'évolution du portail [...] sans que les organisations représentatives des principaux intéressés (personnels et usagers) n'y soient clairement associées » et demande « le report de la mise en œuvre effective de ces évolutions à la rentrée 2023 ».

Une mobilisation en cours

Une première journée de mobilisation s'est déroulée le 8 décembre à l'appel de plusieurs organisations de jeunesse (Alternative, UNEF, Sud étudiant, UNL etc.) contre la mise en place de ce dispositif. La prochaine se tiendra le 14 décembre.

Pour ces organisations “En refusant d'investir et en répondant par le sélection à tous les niveaux, c'est la casse de l'avenir des étudiants et des étudiantes”. À l'occasion de ce rassemblement, elles revendiquent :

  • l'ouverture immédiate de places dans les facs et les filières demandées pour les étudiant·es n'ayant pas pu bénéficier d'une place en Master cette année.
  • l'investissement massif dans l'enseignement supérieur (recrutement de 15 000 personnels enseignants titularisés, le developpement d'infrastructures et d'universités pour augmenter le nombre de places à l'Université en Licence et Master)
  • La fin de la sélection autre que par le diplôme requis.

Une pétition à destination des étudiant·es a été lancée contre ce projet :  Pétition : Contre un ParcoursupMaster (google.com)

 

 

Abonnez-vous

Chère lectrice, chère lecteur,
Les équipes du Journal de l'insoumission travaillent d'arrache-pied pour vous offrir un magazine trimestriel et un site internet de qualité pour informer et participer d'une culture de l'insoumission. Nous améliorons sans cesse notre formule et nos thématiques : politique, climat, économie, social, société, international. Nous traitons de nombreux sujets avec sérieux et sous de nombreux formats : interviews, analyses, reportages, recettes de cuisine etc. Nous participons aussi à un nouveau média insoumis en ligne Linsoumission.fr. Le Journal de l'insoumission en devient le pendant en format papier et magazine. Les médias insoumis se fédèrent et s'entraident pour affronter la période et les échéances à venir.

Notre objectif est la vente en kiosque dans toute la France métropolitaine et d'outre-mers. Pour ce faire, nous avons plus que jamais besoin de vous. L’abonnement et les ventes sont actuellement notre seule source de financement.

Aidez-nous dans cette aventure. Soutenez le Journal de l’insoumission. Abonnez-vous.

Pour suivre les actualités du JI, abonnez-vous à notre newsletter. C'est gratuit.