France

Gabriel Amard est directeur de publication du Journal de l'Insoumission. Il était candidat aux élections du Conseil Régional d'Auvergne et de Rhône-Alpes. Comme 25 autres insoumis·es dans 7 régions différentes il a été élu conseiller régional ce dimanche 27 juin. Il siégera aux côtés de Magali Romaggi et Émilie Marche.

Pour commencer, quelle analyse faites-vous de ce second tour des élections régionales ?

Permettez moi d'abord d'avoir une pensée amicale pour Séverine Véziès notre redactrice en cheffe qui étant tête de liste dans le Doubs en Bourgogne et Franche-Comté qui malheureusement n'a pas été élue et qui anime notre rédaction avec passion.

Pour répondre à votre question, ce second tour des élections régionales est une nouvelle fois une pagaille incroyable. C'est désormais officiel, la France ne sait ni fabriquer des masques, ni acheminer la propagande électorale, ni organiser une campagne électorale sur les programmes. Ce dysfonctionnement majeur dans l'organisation des élections a participé à cette abstention reccord. Il ne peut qu'augmenter la crise de confiance chez les citoyens mais il n'explique pas entièrement le crash démocratique que nous avons connu dimanche dernier. Deux tiers des français·es ne se sont pas déplacé·es. C'est inédit ! L'abstention exprime une colère froide et l'urgence à engager une refondation républicaine du pays avec une constituante pour passer à la 6ème République.

Dans ce contexte de grève civique, on frôle le statu quo. C'est sans enthousiasme que les sortants ont été reconduits à l'exception de la Réunion et de la Guyane où nos amies et camarades Huguette Bello et Gabriel Servile l'emportent sur la droite. Les insoumis·es seront représenté·es dans 7 assemblées régionales au lieu de 2, avec 25 élu·es. C'est un progrés.

Le duo Macron-Le Pen se retrouve fragilisé. Le parti du président ne gagne nulle part. LREM perd l'unique région qu'elle présidait en Guyane. Les ministres de premier plan ont été éliminés dès le ler tour mais le pouvoir n'en tire aucune conséquence : pas une démission, pas même le ministre de l’intérieur ?

Cette élection signe également l'échec du Rassemblement National. Le RN qui était donné fort dans les sondages s'est écroulé dans les urnes. C'est le cas en particulier dans la Région Auvergne et Rhône-Alpes, où la liste d’extrême droite fait deux fois moins qu'en 2015 avec un score de 11,18% au 2nd tour.

Quel rôle peut jouer les élu·es insoumis·es au sein des Conseils Régionaux et comment envisagez-vous votre mandat face à Laurent Wauquiez?

Le rôle des nouveaux élu·es régionaux est d'agir pour l’intérêt général et de démontrer par des propositions concrétes de bifurcation au plan social et écologique que d'autres politiques sont possibles. Comme élu.es d'opposition à Laurent Wauquiez, nous allons également défendre de nouvelles pratiques démocratiques.

Certains se pensent comme “président·es de région”, alors qu'ils ne sont que “Président·es de Conseils Régionaux”! La différence ne peut parraitre que sémantique, mais elle est politique. La démocratie n'est pas verticale. Ce ne peut pas être des décisions prises en catimini dans le cabinet du président, qui sont ensuite votées par des “conseiller·es régionaux playmobiles” en assemblée pléniaire. C'est aux conseillères et conseillers régionaux de définir des politiques régionales. Le ou la présidente n'en est que le ou la représentant·e. Rien de plus, rien de moins. Ainsi pour la premiére séance, nous serons par exemple attentifs aux délégations de compétences de l'assemblée plénière vers le président et la commission permanente (qui regroupe maximum 1/3 des élu·es), de manière à ce que le président ne puisse pas décider tout seul sur le dos de l'assemblée plénière ou avec une commission permanente qui siège à huis clos, sans public donc.

Nous chercherons aussi à co-construire les politiques avec la population, avec les usagers des politiques régionales. Nous appliquerons des techniques d'implication populaire, par exemple en mettant en place des ateliers d'écriture des délibérations du conseil régional en faisant appel à l'intelligence collective des citoyen·nes, des associations et syndicats, des acteurs écologiques et économiques, que nous pourrions ensuite défendre dans les institutions régionales.

Notre rôle sera également durant tout le mandat de resister face aux politiques de droite dure de Laurent Wauquiez. Ainsi nous serons le relais des luttes pour le bien commun au sein du Conseil Régional que ce soit pour défendre l'égalité, un bouclier social et les services publics, l'emploi par la planification écologique ou la préservation de l'écosystéme permettant la vie des humains comme des autres formes de vies : La protection de l'unique jardin planétaire pour reprendre le titre de la rubrique de notre journal en kiosque qui parle de biodiversité.

Entretien réalisé par Anthony BRONDEL

crédit photo : G.Amard

 

 

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