
Europe

Younous, tu es le Président de la Commission du développement régional au Parlement européen. Peux-tu nous en dire plus sur ton rôle ?
En cette rentrée, mes responsabilités de Président de Commission prennent une dimension nouvelle. Puisque j’ai la responsabilité de présider aux négociations avec le Conseil européen et la Commission européenne sur les règlements de la cohésion qui couvrent près de 370 milliards d’euros d’investissements dans toutes les régions d’Europe. Soit près d’un tiers du budget européen. Ce sont des négociations ardues, complexes qui vont occuper mon agenda jusqu’à la deuxième semaine de décembre au moins à raison de 2 ou 3 réunions de négociation par semaine.
Après un an à la tête de cette Commission, quel bilan dresses-tu ?
Je suis fier du rôle éminent qui a été celui de notre Commission pour apporter à travers différents instruments l’appui dont les régions avaient besoin au plus fort de la crise de la COVID. Sans la mobilisation dès mars 2020 de la Commission du développement régional, sans ce que nous avons adopté en urgence, les régions d’Europe et françaises n’auraient pas été en capacité d’acheter des masques. De même que pour l’achat de respirateurs artificiels supplémentaires là où cela manquait cruellement. Des vies ont été ainsi sauvées. Nous sommes aussi entrés en action pour venir en soutien aux petites entreprises et aux travailleurs fragilisés par la crise.
Je dresserai un bilan en fin de législature. Nous sommes dans le temps de l’action et des combats. Et pour en revenir aux négociations, le combat qui est devant nous c’est de faire disparaître les règles de respect du pacte de stabilité budgétaire de nos règlements de la cohésion. Cela était déjà absurde et injuste. Et plus que jamais alors que tous les États ont dû s’endetter pour faire face à la crise de la COVID, cela n’a plus aucun sens.
J’espère être celui qui le premier, avec mes collègues, va pouvoir mettre le premier vrai gros coup de canif à ces règles. Il me tarde que la négociation démarre sur cette question. Il va y avoir du sport !
En outre-mer, la lutte contre le coronavirus fait face à une crise particulière : le manque d’eau potable. Les citoyens risquent d’avoir du mal à appliquer certaines mesures sanitaires, comme se laver les mains régulièrement par exemple. Un mot sur cette situation inquiétante ?
La situation est préoccupante : plusieurs millions d’ultramarins n’ont pas accès à l’eau potable. En Guadeloupe, par exemple, les réseaux d’approvisionnement sont vieillissants, les eaux contaminées par des substances toxiques. Cela pose un double problème : sanitaire, dans un contexte où l’eau est indispensable pour lutter contre le virus, et écologique bien sûr.
Dès novembre 2019, j’avais alerté la Commission européenne sur la pollution au chlordécone dans les Antilles françaises.
L’eau est une question majeure et le non-accès à l’eau courante dit aussi beaucoup sur les choix politiques d’abandon de certains territoires. En Europe, des millions d’Européens n’ont pas accès en 2020 à l’eau potable. Et qui sont en grande majorité ces personnes ? Ce sont les communautés les plus marginalisées, les roms ou les ultramarins.
Je veux fixer une grande ambition : En 7 années, éradiquer ce fléau dans toute l’Europe. Les moyens existent. C’est une question de volonté politique.
L’année passée, tu as été qualifié de « 5ème eurodéputé le plus influent en matière de politique économique ». Est-ce un motif de fierté particulier pour toi ?
Non pas spécialement. Je n’aime que la première place ! J’ai finalement encore une bonne marge de progression pour mieux faire. C’est stimulant !
Baptiste Spilers

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