VIE LOCALE Pour une diplomatie municipale
Le Journal de l'insoumission n°1797 juin 2025
Le conseil municipal est, par essence, le cœur battant de la démocratie de proximité. Il ne traite pas directement des affaires du monde, mais il incarne une parole politique et une capacité d’agir qui dépassent les seules frontières communales. C’est précisément en tant qu’échelon de proximité que la commune a un rôle à jouer dans les grands enjeux humanitaires et internationaux. La paix n’est pas une affaire lointaine : elle est un horizon que nous devons faire vivre ici, dans nos territoires.
Dans toutes les communes de France, les conseils municipaux sont régulièrement appelés à voter des aides d’urgence à destination de populations frappées par des catastrophes, comme ce fut récemment le cas pour les victimes du séisme au Maroc ou du cyclone Chido. De même, les cérémonies du 8 mai ou du 11 novembre sont des temps forts où les communes rappellent leur attachement à la paix et à la mémoire des guerres. Chaque année, les maires prononcent au moins deux discours officiels où il est question du refus de la barbarie, du droit des peuples à vivre en sécurité, et de la solidarité entre les nations.
À Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), cette mémoire collective est particulièrement vive. Le 19 avril, la commune commémore chaque année les bombardements qui, en 1944, ont fait près de 570 morts et détruit une large partie de la ville. Ces événements tragiques nous rappellent l’horreur de la guerre et la nécessité de construire, en actes, une culture de la paix.
C’est pourquoi une commune comme celle-ci doit refuser la hiérarchisation des souffrances et le silence politique face aux injustices. L’élan de solidarité envers le peuple ukrainien, consécutif à l’invasion russe de 2022, avait permis l’ouverture d’un débat public à Sotteville-lès-Rouen. Chaque cérémonie officielle devenait alors un moment pour réaffirmer un attachement collectif à la souveraineté des peuples et à la solidarité internationale. Mais, depuis le 7 octobre 2023, un silence pesant s’est abattu sur les prises de parole municipales.
Plus aucun mot sur la poursuite de la guerre en Ukraine. Et, surtout, absolument rien sur la catastrophe qui frappe Gaza. Le supplice du peuple palestinien – privé de ses droits, affamé, bombardé – ne semble plus exister pour la majorité municipale. Comme si le droit à la solidarité devait être sélectif. Comme si certaines victimes méritaient d’être soutenues, et d’autres oubliées. Comme s’il y avait des souffrances « nobles » et des souffrances « honteuses »...
Alexis Vernier, élu France insoumise à Sotteville-lès-Rouen, avec l’ensemble de son groupe d’opposition Ensemble pour Sotteville, a dénoncé ce silence et demandé que Sotteville-lès-Rouen apporte une aide humanitaire aux Gazaouis, victimes d’un blocus et d’un génocide méthodiquement orchestré par l’armée israélienne et son gouvernement d’extrême droite. Après avoir temporisé, le maire a finalement accepté de verser une aide humanitaire de 2 000 € à l’UNICEF à destination des enfants Gazaouis. Nous aurions souhaité que la mairie fasse davantage, notamment en termes symboliques pour illustrer un soutien à Gaza.
La Métropole Rouen Normandie, elle, est restée muette. Aucune aide. Aucune parole. Pourtant, cette même institution n’avait pas hésité à se mobiliser dans d’autres contextes humanitaires. Pourquoi ce deux poids deux mesures ? Pourquoi ce silence, sinon par crainte de heurter certains équilibres politiques ou diplomatiques ?
Aujourd’hui, plus encore, alors que Netanyahou amplifie son génocide par la faim, les bombes et les snipers contre le peuple palestinien, le devoir impératif des communes doit être de se tenir à leurs côtés. Notre devoir, en tant qu’élu·es insoumis·es, est de porter haut la voix des peuples opprimés, ici comme ailleurs. Refuser l’indifférence. Agir, même localement, pour construire un monde plus juste.
À Sotteville-lès-Rouen, La France insoumise continuera de promouvoir cette diplomatie des communes, cette diplomatie de la paix et de la solidarité. Car le combat pour la justice ne connaît pas de frontières.
