ÉDITO : LE RN EST UNE SUPERCHERIE !
par Séverine Véziès - Le Journal de l'insoumission n°1790 novembre 2024
Pour celleux qui suivent de près l’actualité politique, ce n’est pas une nouvelle, le Rassemblement national n’est qu’une arnaque au service du bloc bourgeois. Loin des postures de communication et des grandes annonces et au-delà de ses fondations xénophobes et racistes, le RN est foncièrement antisocial, climatosceptique, autoritaire, homophobe, contre les droits des femmes et les libertés publiques.
À l’international ou en Europe, là où l’extrême droite gouverne, le constat est flagrant. En France, après avoir sauvé la peau de Macron, en votant contre la motion de destitution déposée par les insoumis·es, puis la peau du gouvernement Barnier en votant contre la motion de censure du NFP, lors des débats autour du Projet de Loi de Finances (PLF) et du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), le RN a pris la tête de la ligne de défense du bloc bourgeois.
En commission des finances, le NFP a fait la preuve qu’un autre budget était possible. M. Barnier cherche 60 milliards d’économies, le NFP lui trouve 60 milliards de recettes supplémentaires. Comment ? En allant les chercher chez les plus riches et notamment chez celleux qui possèdent 45% du patrimoine du pays et qui ont vu leur patrimoine doublé en 7 ans. Merci Macron.
Alors que la macronie se désagrège et déserte les bancs de l’Assemblée, les député·es du RN sont à la rescousse pour s’opposer à toutes les mesures de justice sociale et fiscale portées par le Nouveau Front Populaire : rétablissement et renforcement de l’ISF, augmentation de la flat-tax, instauration d’une taxe de 2% sur la partie des patrimoines supérieure à 1 milliard d’euros (taxe Zucman),
c’est-à-dire une minorité d’ultra riches imposée à moins de 25 % de leur fortune… En commission des affaires sociales, le RN s’oppose par deux fois à l’amendement insoumis au PLFSS visant à abroger la réforme des retraites.
Inexorablement, la macronie se fond dans cet ensemble politique, que l’extrême droite domine de plus en plus, au service de la défense des intérêts de classe du bloc bourgeois. Pour ce faire, celui-ci lui offre tribunes politique, médiatique et intellectuelle. L’histoire nous l’enseigne : face à une crise et à une potentielle remise en cause de ses privilèges le bloc bourgeois s’allie avec l’extrême droite. Ces faits sont documentés. L’historien Yohan Chapoutot, spécialiste du nazisme et de l’Allemagne, rappelle le rôle joué par des industriels, des banquiers, des propriétaires terriens dans l’accession au pouvoir d’Hitler. Un choix qu’il décrit comme étant « totalement pragmatique » motivé aussi par la peur d’une « révolution communiste ».
Depuis 1930, la droite conservatrice allemande qu’incarne le président Paul Von Hindenburg gouvernait par décret-loi car sans majorité au Parlement. Ce mode de gouvernance contre le Parlement ne pouvant durer et voyant sa base partisane se réduire à peau chagrin, Hindenburg s’abandonne alors, lui et son pays, à la main des nazis, dont Franz von Papen, ex-chancelier de la droite catholique nationaliste, vantera le potentiel électoral, l’appareil militant et les forces miliciennes à même de rétablir un rapport de force favorable aux intérêts de la classe bourgeoise. L’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933 résulte d’une sorte de communauté d’intérêt : « une angoisse civilisationnelle vis-à-vis du communisme, une peur culturelle que partagent pleinement les nazis et les autres droites européennes. »
Ne pas tirer les leçons de l’histoire, amène à la voir se répéter. Cet automne, en France, est apparue au grand jour la véritable polarisation des forces politiques dans le pays : l’extrême droite à la tête du bloc bourgeois ou le Nouveau Front Populaire à la tête du bloc progressiste et populaire, portant un programme de rupture clair à même de donner des perspectives d’espoir aux millions de personnes qui n’en peuvent plus. Mais l’enjeu n’est pas seulement national, partout dans le monde les forces réactionnaires s’allient afin de préserver l’ordre établi d’un capitalisme en crise. La France dans sa vocation universelle doit ouvrir la voie d’un nouvel ordre humaniste, de solidarité, de partage et de paix, respectueux de notre écosystème. La lutte contre l’extrême droite est non seulement une lutte antiraciste mais elle est aussi une lutte de classe. À nous de rassembler toutes celleux qui en souffrent et qui bien trop souvent, par résignation et lassitude, rejoignent le camp des abstentionnistes.