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ÉDITO : Gouverner pour tout changer



lundi 05 août 2024

 ÉDITO : Gouverner pour tout changer 

par Séverine Véziès - Le Journal de l'insoumission n°1788 (aout/septembre 2024

 

Depuis le 9 juin au soir, nous avons tous et toutes le sentiment de voir s’accélérer l’histoire. Les évènements se précipitent et nous rapprochent de plus en plus d’un point de bascule. La question qui reste en suspens est vers quel horizon basculerons-nous. Deux hypothèses in fine : le péril fasciste avec une extrême droite au pouvoir ou la République restaurée avec la mise en œuvre d’un programme d’espoir, sur le plan économique, social, démocratique et écologique qu’incarne le Nouveau Front populaire. C’est cet horizon que les Français·es ont choisi en lui accordant leurs suffrages et donc une majorité pour gouverner au soir du 7 juillet 2024. Mais le sentiment de trahison peut être aussi grand que l’espoir déçu pourrait l’être. Aussi, cette élection sonne comme celle de la dernière chance. Pour le comprendre, il nous faut nous pencher, rapidement, sur les évènements politiques de ces 40 dernières années.


Le tournant néolibéral des années 70-80 est le point de départ d’un nouveau cycle avec de nouveaux choix sur le plan économique et social qui ont petit à petit défait ce que l’on peut résumer comme étant le modèle social français au sens large : services publics et fonction publique, État planificateur, prise en charge collective des évènements et accidents de la vie (Sécurité sociale, retraite par répartition, chômage, famille...).


L’application des préceptes libéraux a entraîné le désengagement de l’État, son action devenant légitime uniquement pour créer les conditions du fonctionnement et d’une régulation par les marchés. La main invisible du marché régule, l’État est au service non plus des peuples mais d’une idéologie qui voit dans le processus d’accumulation, le capitalisme, l’unique modèle de développement.


Un modèle qui en 40 ans aura creusé les déficits et la dette publique, justifiant toujours plus de sacrifices, creusé les inégalités, accentué la pauvreté en détruisant les filets de sécurité d’un État providence, détruit nos services publics et empêché notre nécessaire action et adaptation face au réchauffement climatique, lui-même causé par ce système de course folle mondiale à l’accumulation/production/consommation. Un bilan désastreux qui en semant la misère, la peur du déclassement et le sentiment d’abandon aura fait le lit de l’extrême droite.


Depuis 7 ans et l’arrivée d’E. Macron au pouvoir, la France subit une accélération féroce de ces réformes néolibérales auxquelles s’ajoutent, face à la montée des oppositions institutionnelles et populaires, un autoritarisme et une violence d’État. Chacun·e se souviendra des gilets jaunes, des soignant·es, de nos jeunes, des militant·es écologistes… matraqué·es, éborgné·es, humilié·es, criminalisé·es. Chacun·e se souviendra des 49.3 à la pelle, des passages en force et d’un Parlement méprisé…


 E. Macron est le président de la République qui aura semé le chaos en France 


À l’heure où j’écris ces lignes et alors même que les Français·es viennent de lui infliger une double défaite électorale, E. Macron refuse de céder le pouvoir, plongeant encore un peu plus le pays dans une crise de régime sérieuse et inquiétante. En refusant de nommer comme Première ministre la candidate désignée par le Nouveau Front populaire, Lucie Castets, alors même que la tradition républicaine l’y oblige, il nous enfonce encore un peu plus dans le chaos.


Une situation de crise totale où plus rien ne vient purger les blocages. Même plus le résultat d’une élection.


Il va nous falloir toute la force, la détermination et la mobilisation de toutes celleux qui ont accordé une majorité au Nouveau Front populaire pour faire plier ce Président forcené, qui après avoir brutalisé le pays, brutalisé le Parlement et notre démocratie, tente aujourd’hui d’effacer le résultat d’un vote. Rien de moins que ça ! La République ne lui appartient pas, elle est nôtre !


Car l’enjeu est immense. Le Nouveau Front populaire doit gouverner et appliquer son programme pour répondre aux aspirations légitimes de vie meilleure et à l’espoir immense qu’il a suscité dans le pays. Ce 7 juillet n’est qu’un sursis face à la montée de l’extrême droite dans le pays, prospérant sur les espoirs déçus et le sentiment que rien ne changera.


Nous voici au pied du mur. Le point de bascule doit être celui qui nous mène vers la lumière. Pour cela au changement de cap politique, il nous faudra aussi engager un changement de cap institutionnel avec une 6ème République.

 

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