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CULTURE : EXPO - Paris brûle-t-il ? Quand le cinema réinvente la libération



lundi 06 mai 2024

 Paris brûle-t-il ? 
 Quand le cinema réinvente la libération 

 1966  Quelques mois avant les élections législatives de 1967 et plus de 20 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale sort au cinéma Paris brûle-t-il ?, une super production franco-américaine entre documentaire et fiction, qui revient sur la Libération de Paris du 19 au 25 août 1944.
Pour ce film, la Paramount Picture Corporation a sorti l’artillerie lourde : un budget de 6 millions de dollars et un pléiade de stars internationales. Parmi les acteurs français principaux : Alain Delon, Henri Rol-Tanguy et Jean-Paul Belmondo mais on y retrouve également Yves Montand et Claude Rich entre autres.


 L’adaptation d’un livre contesté 


Le film porte à l’écran le best-seller éponyme, aux 20 millions de lecteurs, sorti en 1964 et écrit par deux journalistes : Dominique Lapierre et Larry Collins. Ce livre s’appuie sur le témoignage de plus de 3 000 personnes pour raconter la libération de Paris. Une somme de petites histoires pour raconter la Grande, mais un récit persuadé de la duplicité des communistes, et qui surtout, attribue à Von Choltitz, le mérite d’avoir évité la destruction de Paris. Selon le mythe, le gouverneur nazi du « Grand Paris » – pourtant reconnu pour sa brutalité – n’aurait pas obéi aux ordres d’Hitler lui demandant de « Brûler Paris » le 25 août 1944. Plusieurs recherches d’historiens ont prouvé dès les années 2000 que les circonstances l’auraient en réalité empêché d’obéir, mais cette falsification de l’Histoire sera reprise dans le film. Ce ne sera pas la seule.


 Liberté historique et récupération électorale 


Au delà de l’absence de certains faits, comme la signature de la capitulation, ou encore la libération des juifs à Drancy, le film occulte certains résistants de premier plan comme le président du CNR Georges Bidault (qui défendra l’Algérie française contre De Gaulle) mais aussi le dirigeant du comité d’action militaire, le communiste Maurice Kriegel-Valrimont (exclu du PCF en 1961).
Les brutalités allemandes et la violence de l’esprit de revanche ne sont pas non plus mentionnées. Il s’agit en effet de ne pas faire de vagues, d’éviter les controverses, de concilier deux mémoires concurrentes, celle du PCF (dont l’influence reste importante, notamment dans le milieu cinématographique), mais surtout de nourrir celle des gaullistes.
Le film, s’il s’appuie sur des images d’archives, reste éminemment politique et fut l’objet d’une vaste opération de communication orchestrée par le pouvoir gaulliste, flattant la population parisienne et le mythe d’une nation entière dressée contre l’occupant.
Pour le Canard enchaîné le film « reste au garde-à-vous devant le général ». Pour le Nouvel Obs « On nous explique bien tout, de peur que nous ne sachions pas pour qui voter aux prochaines élections »

 

***


Exposition temporaire au musée de la Libération de Paris
(place Denfert-Rochereau)
Profitez également de l’exposition permanente gratuite et visitez l’ancien poste de commandement ou se trouvaient les bureaux de l’état-major régional des FFI !
Du mardi au dimanche de 10h à 18h, jusqu’au dimanche 22 septembre 2024
Tarif : 7 - 9€

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