ARGUMENT - RENOUVEAU OU RE-DICTATURE DU NUCLÉAIRE ?
Le Journal de l'insoumission n°1792 janvier 2025
par Jean-Marie BROM
21 Avril 2020, la France est confinée, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) 2019-2028 est décrétée sans publicité, et confirme – entre autres – la réduction à 50% de la production d’électricité nucléaire en 2035, l’arrêt de 14 réacteurs et impose la limitation de puissance nucléaire installée à 63 GW.
Le 10 février 2022, Macron candidat se prend pour de Gaulle et décide d’une relance du nucléaire avec 6 EPR2 (plus 8 ?). Et tout s’enchaîne, toujours discrètement et contrairement à la PPE : Le 14 février 2022 est signé le décret autorisant par dérogation la « valorisation » de métaux faiblement radioactifs : décontamination partielle puis vente dans l’industrie conventionnelle sans traçabilité aucune.
Le 27 octobre 2022 c’est le lancement du débat public sur « le programme nouveaux réacteurs et projet de 2 réacteurs EPR2 à Penly » jusqu’au 27 février 2023, lorsque la PPE impose la réduction du nucléaire …
Le 17 janvier 2022 débute l’étude par le Sénat de la loi sur l’accélération du nucléaire. Amendement pour les suppressions des 50 % de nucléaire et des 63,2 GW.
S’ensuit le 18 janvier 2022 un communiqué de Chantal Jouanno présidente de la CNDP (Commission Nationale du Débat Public) : « Le nucléaire, la loi et la Constitution » qui explique qu’il faut « considérer comme sans intérêt pour définir la stratégie énergétique les interrogations, les remarques et les propositions faites lors du débat public en cours. » En d’autres termes, le débat EPR2 est sans objet.
Le 22 juin 2023 est votée la loi relative à « l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires » « dès que le gouvernement aura décidé qu’un réacteur est « projet d’intérêt général », les travaux peuvent commencer – hors la partie nucléaire, soumise encore à enquête de l’ASN.
Pour qu’avant la fin de son mandat, Macron puisse poser la première pierre de la centrale (restaurant, toilettes, bureaux…) puisque le réacteur ne sera pas autorisé avant 2029 au mieux…
Le 21 mai 2024 a lieu le vote (à 1 voix près) de la loi sur la fusion entre l’Autorité de Sûreté Nucléaire et l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire sous l’égide du CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) : on joint les organismes de contrôle et d’analyse, ce qui va permettre tout et n’importe quoi – ou presque – en matière de nucléaire…
Le 3 juin 2024 sont autorisés par décret les « travaux préparatoires » à la construction des 2 EPR2 de Penly – alors que ces réacteurs sont hors PPE…
Le 17 septembre 2024, la CNDP lance le débat sur l’EPR2 prévu pour Gravelines et prévoit celui sur Bugey pour début 2025. Les 6 EPR2 annoncés par Macron sont mis au débat, alors que la PPE ne les prévoit pas.
Et le 10 octobre 2024, démarrage par la CNDP du débat sur le « Technocentre » prévu à Fessenheim et qui, durant plus de 40 ans, fondra puis vendra sans contrôle 500000 tonnes de ferrailles radioactives de EDF, ORANO et du CEA.
Tout ceci en contradiction avec la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie décrétée en 2020.Pour tenter de justifier tout cela, une « concertation préalable du public sur la 3e Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et la 3e Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) » s’ouvre à partir du lundi 4 novembre 2024 pour une durée de 6 semaines. Stratégie et Programmation dont les objectifs sont fixés par la loi de programmation sur l’énergie et le climat (LPEC) prévue en 2023, mais qui n’existe toujours pas…
Bref, avec le nucléaire de Macron, on décide de l’avenir et on légalise ensuite….
Le 8 mai 2024, après plus de 17 ans de construction, le chargement de l’EPR a débuté, et le 3 septembre le réacteur a divergé. Et pas moins de 14 incidents de niveau 1 ont été déclarés. On attend la connexion au réseau ?